vendredi 13 février 2009

Crise de Madagascar : première conséquence du néo-colonialisme agraire par Vincent Jarousseau (issu du site national d'Un Monde d'avance)

La couverture médiatique des émeutes qui secouent actuellement Madagascar, ne permettent pas toujours de bien comprendre les raisons de la crise. Depuis la fin du mois de janvier, un inquiétant regain de violence secoue Madagascar. La crise qui paralyse le pays n’est pas une surprise pour qui s’intéresse à ce pays. Certains observateurs la décrivent comme un différent entre le jeune maire d’Antananarivo (Tananarive) Andry Rajoelina, (34 ans) et Marc Ravalomanana, Président de la République Malgache, élu en 2002, après 23 ans de règne sans partage du régime de Didier Ratsiraka (avec une interruption de quatre ans au milieu des années 90). Les faits dépassent largement cette vision réductrice. Le terreau de la crise est avant tout social.


Si les premières années du pouvoir de Ravalomanana ont permis au pays de se relever quelque peu de la crise de 2002 (construction des infrastructures routières, croissance de 7 %, inflation maîtrisée, tourisme exponentiel, protection de la biodiversité malgache améliorée), la suite (surtout à partir de 2006, date de sa réélection) est une longue liste de promesses non tenues, d’entraves aux libertés, d’un pouvoir autocratique et surtout d’un peuple malgache qui continue à sombrer dans la misère. Ce n’était manifestement pas le souci des principaux bailleurs de fonds internationaux. Le FMI comme la Banque Mondiale misent sur la bonne marche de leurs affaires, pour que le commerce et les investissements se déroulent dans un "climat et un environnement favorables". La nature du régime et les conditions de vie de la population n’ont pas d’importance.

Calcul risqué de la part des investisseurs, dans ce pays que les occidentaux considéraient comme « apaisé ». Trois éléments déclencheurs auront suffi pour mettre sous tension un peuple malgache à bout socialement (un litre d’essence supérieur à un euro, un sac de riz quasiment au prix du SMIC, soit près de 30 euros) : l’affaire Daewoo fin novembre 2008, l’achat par le Président de la République d’un Boeing 737 d’une valeur de 60 millions de $ et la fermeture de la télévision Viva du Maire de Tana. Rien d’étonnant alors de constater que les émeutiers s’en sont d’abord pris aux différents intérêts privés du Président en incendiant les supermarchés de sa chaîne, inaccessibles pour la quasi-totalité de la population malgache, et à la fois, symboles de lieux fréquentés par une toute petite minorité très privilégiée. Ils ont également attaqué les entrepôts dans les zones franches, symbole des investissements étrangers, où les ouvriers exploités 16 heures par jour touchent en moyenne 30 € par mois.

C’est dans ce climat très tendu de confrontation, que le jeune maire, Andry Rajoelina, a appelé la population à entamer une grève générale le 24 janvier. La suite, on la connaît, une centaine de morts et une issue aujourd’hui très incertaine. Se plaçant d’emblée dans la position de l’homme providentiel Andry Rajoelina réclame aujourd’hui un gouvernement de transition et exige d’être à sa tête. Sans programme, sans proposition, sans véritable parti politique, propose t-il sincèrement une politique alternative à l’actuel président ? Difficile de se prononcer mais l’ambition personnelle du Maire de Tana rappelle étrangement le parcours de son adversaire Ravalomanana.

Au-delà de la dimension sociale de la crise, c’est à une nouvelle forme de colonialisme agraire auquel nous sommes peut-être en train d’assister. Non content de piller les ressources minières, les pays du nord se permettent désormais de louer des millions d’hectares de terres arables aux pays du sud pour satisfaire leur consommation, et ce, pour des bénéfices insignifiants pour les populations locales. C’est la fameuse affaire Daewoo. Le géant sud-coréen Daewoo Logistics a annoncé la signature d’un contrat de « location » de 1,300 millions d’hectares de terres arables pour 99 ans, en vue de la culture de maïs et de palmiers. Les détails du contrat sont très préoccupants :

La surface louée représente l’équivalent de la moitié des terres arables à Madagascar.
Daewoo plantera du maïs sur 1 million d’hectares dans la zone Ouest et du palmier à huile à l’Est sur 300 000 hectares. Les semences de palmiers seront importées d’Indonésie et du Costa Rica, celle de maïs des Etats-Unis (Le Monde du 20 novembre 2008). La récolte brute sera envoyée en Corée du Sud.
l’accord ne prévoit pas de versement d’argent à l’Etat malgache, les investissements (6 milliards de $ sur 25 ans) dans les infrastructures nécessaires à la mise en place du projet tiendraient lieu de « prix de location ».
Daewoo Logistics utiliserait essentiellement de la main d’oeuvre sud-africaine selon le Financial Times cité par l’AFP.

Comment accepter cette absurdité ? Madagascar, l’un des pays plus pauvres du globe n’a pas assez de ressources pour nourrir sa population, mais suffisamment pour envoyer de l’huile de palme qui sera convertie en biocarburant pour la Corée du Sud ? La recherche de terres cultivables par les grands groupes internationaux dans les pays pauvres du Sud est une tendance rencontrée dans le monde actuellement. La FAO avait mis en garde les pays en quête de terres à cultiver à l’étranger contre un système assimilé à du " néocolonialisme ".

Cette nouvelle tendance n’est pas étrangère à la crise financière qui sévit sur la planète. La plupart des pays émergents et africains vivent dans la peur panique d’un retrait massif des capitaux étrangers. La crainte d’une baisse des investissements directs étrangers présentés par les organisations internationales comme la panacée aux problèmes lancinants du développement, pousse certains dirigeants africains à tout mettre en œuvre pour récupérer des devises, comme la cession massive de terres agricoles. Le processus largement entamé est appelé à s’accélérer. Des centaines de milliers d’hectares de terres arables sont ainsi menacés. Des centaines de milliers d’autres ont déjà été aliénés sous cette nouvelle forme de colonisation appelée « concession ».

Le drame que vit le peuple malgache est une nouvelle illustration d’une économie mondiale ultralibérale qui étrangle les peuples. Il se déroule dans un quasi silence de la communauté internationale. Entre crise alimentaire des peuples et voracité des spéculateurs et collusion du politique et du patronat, l’exemple malgache ne peut que faire réfléchir.

VOUS AVEZ DIT NATIONALISME ? par Christophe Bérardi

Face à l'exigence de protection contre le dumping fiscal et social, les accusations de protectionnisme et de nationalisme ne tardent pas à venir, sans nuances : "fauteurs de guerre!". Ce fut le cas hier encore dans l'émission "mots croisés".
Pourtant, la politique du Président est bien plus sournoisement nationaliste qu'il n'y parait...

EXPLICATION :
La plupart de nos partenaires mènent des politiques de relance sur deux jambes : relance de l'investissement productif ET soutien à la demande. Les produits français peuvent donc espérer profiter des efforts de relance du pouvoir d'achat chez nos voisins.
Cependant, en menant une politique sur "la seule jambe" de la relance en direction des entreprises, le gouvernement Fillon compte "sournoisement" profiter des efforts de relance du pouvoir d'achat chez ses partenaires... sans y contribuer lui même !Curieuse conception du projet de civilisation européen. Cette posture n'est pas tenable : elle fragilise d'abord les travailleurs français, elle sape ensuite la confiance nécessaire à une relance internationale.
Profiter sans contribuer : Le mensonge du gouvernement français sur la qualité de son plan de relance, fait donc courir au monde un grave risque de replis égoïstes.

La crise est due à l'affaiblissement des salaires, qui a conduit au surendettement, d'abord aux USA. Cette faiblesse du pouvoir d'achat est organisée par le dumping social et fiscal des pays où la main d'œuvre peut être exploitée sans les "entraves" que sont pour les libéraux : le coût des services publics, la protection sociale, le droit du travail, les droits de l'homme, la démocratie...
Il est désormais illusoire de vouloir tirer sournoisement la couverture à soi, dans un réflex nationaliste Ne serait-ils pas plus efficace de réactiver en concertation des outils douaniers et les quotas d'importation fondés sur la notion de protection et de promotion des systèmes de sociaux ? Il serait plus sain et plus juste d'établir ainsi les règles nouvelles que les peuples du monde attendent : les services publics et les systèmes de protection sociale ne doivent plus être les seules variables d'ajustement.
Le message des forums sociaux mondiaux qui tentent d'alerter le monde depuis une décennie est simple :
Le moins disant fiscal et social n'est pas un critère de progrès humain, il ne peut en aucun cas être un critère pertinent de compétitivité.
Malheureusement la politique de Nicolas Sarkozy nous en éloigne chaque jour un peu plus.

SUPRESSION DE LA TAXE PROFESSIONNELLE ? par Christophe Bérardi

SARKOZY, POMPIER PYROMANE.

Les collectivités locales représentent en France 73% de l'investissement public. Pour le seul Conseil Général de l'Ain : l'hypothétique suppression de la TP fait peser un risque sur 100 millions d'euros de recettes... sur 180 millions d'investissements.

Ni concertée, ni préparée, cette annonce crée de l'incertitude pour les collectivités locales. Ces dernières sont en train de finaliser leurs budgets 2009. Face à cette annonce intempestive, le risque est grand que de voir les collectivités reporter leurs investissements ! Aggravant ainsi la crise, notamment pour les entreprises du bâtiment et des travaux publics.

L'annonce de la suppression de la TP arrive au pire moment.
Non seulement elle ne répond pas aux attentes des salariés : on leur refuse des mesures en faveur du pouvoir d'achat, tout en annonçant de nouveaux cadeaux fiscaux.
Non seulement elle décourage l'investissement public de nombreuses collectivités locales, mais en plus elle aura un effet négatif sur la croissance :
La politique de gribouille du Président donne des signaux qui découragent tout à la fois la consommation des ménages et l'investissement des collectivités.
Quant à l'investissement des entreprises, déjà faible avant la crise... l'incantation s'essoufflera vite sans relance de la demande intérieure, ressort traditionnel de la croissance française.

Qu'elles compensations pour les collectivités locales, quelle justice fiscale ?
On parle de compensation... Il n'existe pas un seul élu local qui puisse croire une seconde que la perte de la TP lui sera intégralement compensée par un nouvelle taxe, ou par l'État !!! Aucune compensation promise n'a jamais été durablement respectée par l'Etat : si la signature de l'État a encore quelque valeur sur les marchés financiers, elle n'a plus beaucoup de crédit dans ce domaine auprès des élus locaux.
L'opération est simple : taper dans les caisses "saines" des collectivités locales après avoir siphonné les caisses de l'Etat au profit des plus riches. Cette stratégie de la droite va continuer : suppression d'une taxe aux entreprises et création d'une nouvelle taxe "pour tous"...

Finalement, il eu été plus juste d'introduire plus de justice et de progressivité dans la fiscalité locale ... mais n'y comptez pas !
Le "Robin des Bois à l'envers" n'a pas fini de frapper.

lundi 2 février 2009

LE SITE ANTI DEPRIME

Voici le médicament qui ne constitue peut-être pas la panacée universelle mais qui résout nombre de nos maux de dos de celui qui porte toute la charge exemptée pour les possédants, de nos maux de tête quand on voit un membre du gouvernement, de nos oreilles qui sifflent quand N.Sarkozy nous annonce encore une catastrophe (genre ablation de Service Publics,...)
Le médecin PS vous prescrit ce site pour penser autrement, prendre du recul et avoir des clés pour remettre la France sur le droit chemin

Consultation gratuite qui devrait être remboursée par la Sécurité Sociale

Signé: Maison médicale de garde de la France tenue par Martine Aubry et les militants du PS.


Site PS de la relance

La réponse, c’est améliorer le pouvoir d’achat des Français Catégorie Dans la presse, une - Posté le 30 janvier 2009 Chat le Monde par Benoît Hamon

Katia : Quel bilan tirez-vous de la grève d’hier ? Quelles sont les suites possibles/souhaitables à vos yeux ?

Benoît Hamon : C’est un succès pour les organisations syndicales qui préparaient ce rendez-vous depuis plusieurs semaines.

C’est ensuite un signal d’alarme pour le gouvernement, qu’il serait bien inspiré d’entendre, car il y avait eu de nombreux avertissements au préalable, qu’il n’avait pas entendus.

Quelles suites ? M. Sarkozy s’en sort en invitant les syndicats à discuter à une date qui était déjà prévue, puisqu’un rendez-vous avait arrêté avec les partenaires sociaux.

Je pense que la seule et unique réponse qui peut permettre de relancer le dialogue social porte sur le pouvoir d’achat, les salaires, les minima sociaux, les retraites, et tout ce qui peut immédiatement améliorer le pouvoir d’achat des Français.

RACHID : Que répondez-vous à l’argument selon lequel une relance par la consommation serait inefficace puisqu’elle ne ferait que favoriser les importations ?

Je ne sais pas où on a été pêcher que quand les Français achetaient, ils ne consommaient que des produits étrangers, alors qu’aujourd’hui 75 % des produits et services consommés par les Français sont des produits ou services produits en France.

C’est un argument de l’UMP pour justifier son refus de baisser la TVA. Mais c’est un argument économique irrecevable au regard de ce qu’est la structure de la consommation des ménages français.

J’ajoute que soutenir le pouvoir d’achat des Français, c’est renforcer la consommation, c’est remplir le carnet de commandes des entreprises, et donc à terme créer des emplois.

lolo : Comment le PS compte-t-il faire pour peser sur les réformes ?

Le PS a rendu public son plan de relance de l’économie. Nos propositions sont donc sur la table. Et j’observe que sur la relance du pouvoir d’achat, sur l’emploi, comme sur la lutte contre les licenciements abusifs, nos propositions convergent avec plusieurs plates-formes syndicales. Ce qui explique au passage qu’il était parfaitement légitime que les socialistes manifestent hier.

Cela étant dit, la balle est dans le camp du gouvernement : soit il continue à se retrancher entre les murs de Matignon et de l’Elysée, sourd au mécontentement des Français, et obstiné à mettre en oeuvre une politique qui a d’ores et déjà échoué, soit il permet à la démocratie de respirer et s’ouvre aux propositions de l’opposition et des syndicats, ce qui appellera forcément une sérieuse remise en cause des choix politiques mis en oeuvre jusqu’à présent.

Schwab : Pensez-vous qu’il serait possible, comme l’envisage Gäétan Gorce, de négocier avec la majorité un certain nombre de mesures inspirées du contre-plan de relance ?

On est dans des institutions aujourd’hui qui renvoient face à face l’opposition et la majorité. Pour qu’il puisse y avoir un compromis sur la réponse à la crise, encore faudrait-il que nous soyons d’accord sur le diagnostic de cette crise.

Est-ce une crise systémique (structurelle) ou une crise conjoncturelle ? La fonction des plans de relance est-elle de remettre les marchés financiers sur pied ou de profondément les règles du jeu du système ? Voulons-nous, oui ou non, modifier en profondeur la répartition capital-travail ? Etc.

Il ne me semble pas aujourd’hui que le gouvernement et le président de la République aient compris que nous sommes confrontés à un véritable renversement de cycle et que leur plan de relance ne doit pas chercher à sauver le système tel qu’il était, il aurait dû aider à préparer l’avenir et à construire les nouvelles régulations indispensables.

C’est pour cela que je crois extrêmement difficile la possibilité de parvenir à une réponse commune à la crise. Nous ne voyons pas la même chose. Nous ne voulons pas la même chose.

Patrick : Comment envisageriez-vous de réformer les lycées et les universités si vous étiez au pouvoir ?

D’abord, la première urgence que nous proposons dans notre plan de relance, c’est de stopper ce plan social qui affecte aujourd’hui l’éducation nationale qui prétend qu’on améliorera la qualité par la diminution du nombre d’adultes dans les écoles, collèges et lycées de France.

Je pense que l’éducation reste, en dépit de toutes les déclarations, une affaire de moyens. Et aujourd’hui, manifestement, ces moyens sont insuffisants.

Ensuite, je pense qu’il faut à tout prix lutter contre cette politique de renforcement des ghettos scolaires mise en oeuvre aujourd’hui par l’actuel gouvernement, la suppression de la carte scolaire renforcera la ségrégation sociale et la ségrégation scolaire.

Je crois enfin qu’aujourd’hui le gouvernement s’est inscrit pour l’Université dans la même logique que pour l’hôpital : la rentabilité, et cette politique-là me semble néfaste.

yannick : Les élections européennes sont les prochaines échéances politiques. Peuvent-elles devenir le premier débouché politique à la crise sociale en cours et le PS peut-il capitaliser sur le mécontentement ?

Evidemment, le moment où se dérouleront ces élections européennes conduira probablement une multitude d’Européens à dire par leur vote quel type de sortie de crise ils souhaitent.

D’abord parce que l’échelon européen est l’échelon pertinent pour répondre à une crise de cette intensité et de cette ampleur.

Et ensuite parce que la majorité de droite, au Conseil comme au Parlement européen, est directement responsable des conditions dans lesquelles la crise s’est déployée en Europe.

La libéralisation à outrance du marché intérieur, le démantèlement des services publics, l’affaiblissement des modèles sociaux dans toute l’Europe, sont le résultat non pas de la crise financière, mais des choix économiques et politiques mis en oeuvre par la droite, majoritaire en Europe depuis dix ans.

En conséquence, nous ferons, nous, de cette élection européenne, l’enjeu d’une bataille politique essentielle. Est-il ou non possible de changer de majorité en Europe, et donc de politique ? Nous militerons pour une majorité de gauche au Parlement européen, et donc une autre politique.

Isabelle : Serez-vous vous-mêmes candidat aux européennes en Ile-de-France ?

Je souhaite être candidat aux européennes. En Ile-de-France. A la place que mon parti jugera la meilleure.

Lucie : Pensez-vous que Ségolène Royal est un élément de “trop” ? Comment le PS accueille-t-il la publication de son livre ?

Laurent Fabius a eu une excellente formule ce matin sur France-Inter, que je reprends à mon compte : “hier, c’était journée de grève, eh bien nous commençons aujourd’hui la grève des polémiques”. Je n’ai donc pas envie de commenter certaines remarques un peu acides de Ségolène Royal à l’égard d’autres personnalités du Parti socialiste.

Il y a aujourd’hui trop de raisons de nous tourner vers les Français pour que nous cessions de nous intéresser à nous-mêmes.

Franck, Quimper : Le PS n’est-il pas “condamné” à passer des alliances avec le MoDem, les Verts, le NPA, le Parti de gauche… ?

C’est un sujet beaucoup plus simple qu’il n’y paraît.

1) Nous ne pouvons nous allier qu’avec ceux qui accepteraient un jour de gouverner avec nous.

2) Nous ne pouvons nous allier qu’avec ceux dont les orientations ne contredisent pas les nôtres.

Et cette question des alliances, qui se posera probablement dès les régionales, mais surtout aux élections nationales, ne doit être appréciée qu’à l’aune du projet politique et de la stratégie de transformation sociale que défendra le Parti socialiste, et du degré de compatibilité des uns et des autres par rapport à ce projet.

A mes yeux, le rassemblement et l’unité de la gauche restent le meilleur passeport pour vaincre un jour la droite et Sarkozy.

genifer : Seras-tu présent au congrès du Parti de Gauche et à celui du NPA ? Que penses-tu des premiers pas du parti de Melenchon ?

Je ne crois pas que nous ayons été invités au congrès du NPA. Nous avons été invités au congrès du Parti de gauche, auquel nous enverrons évidemment une délégation du secrétariat national du PS. Quant aux premiers pas du Parti de Gauche, il ressemble à ce que faisait Jean-Luc Mélenchon au sein du PS.

Mais je ne suis pas convaincu que la création d’un nouveau parti à gauche serve sérieusement le rassemblement de la gauche. Il me semble qu’il y a là quand même un petit paradoxe.

bakounine : Etes-vous socialiste ou social-democrate ?

C’est une distinction qui n’existe pas. Les socialistes français sont membres de la famille social-démocrate européenne. Et il existe dans cette famille, entre les travaillistes britanniques, les sociaux-démocrates allemands, suédois, les socialistes espagnols, les socialistes hongrois, une palette de nuances liées à leur histoire nationale, à leurs institutions, à l’histoire des luttes sociale dans chacun de ces pays, qui explique aujourd’hui qu’en tant que socialiste français, je me sente membre de la famille sociale-démocrate européenne sans pour autant en partager toutes les analyses.

sankha : Pensez-vous que la très médiatique élection d’Obama aux Etats-Unis peut être favorable à l’image de la gauche ?

Oui, parce qu’il appartient incontestablement à la même famille que nous, aux nuances américaines près. Ces nuances sont de taille, notamment sur la peine de mort, elles existent aussi sur le rôle de l’Etat.

Mais quand Barack Obama ferme Guantanamo, rompt avec le discours néoconservateur du choc des civilisations défendu par MM. Bush et Sarkozy pour s’adresser au monde musulman comme à un partenaire des Etats-Unis ; quand il dénonce les patrons américains qui se sont octroyé 14 milliards de dollars de bonus en 2008 en qualifiant leur attitude de summum de l’irresponsabilité ; ou quand aujourd’hui il conditionne les aides publiques aux entreprises américaines au maintien de l’emploi, il s’inscrit dans une tradition qui est celle de la gauche.

bakounine : Les socialistes peuvent-ils encore faire rêver quand on mesure ce qu’ils ont fait et ce qu’ils n’ont pas fait ?

Il y a une phrase d’un poète cubain, Nicolas Guillén, qui disait quelque chose comme : l’espérance, je la laisse pour les riches ; donne-moi la sécurité. Ce que je veux dire par là, c’est qu’aujourd’hui les réponses de la gauche doivent être orientées vers les problèmes concrets des Français, les salaires, l’endettement, le logement, l’accès à l’éducation, aux services publics.

C’est d’abord sur le réel que nous devons agir. Si l’espérance naît de cette action, c’est formidable, mais notre obsession doit être d’abord d’être utiles.

SCOOP : Grève efficace contre le chômage !

Par Christophe Bérardi


Inespéré : la grève du 29 janvier dernier a été immédiatement efficace pour de nombreux salariés du secteur automobile...

EXPLICATION : A Renault-Truck Bourg en Bresse, la journée du 29 janvier, initialement programmée en chômage technique... s'est transformée en journée travaillée pour les 1.600 salariés du site.
Curieuse embellie d'activité en ce jour de mobilisation nationale pour l'emploi ! Pour certains sites de Lorraine ou de Franche Comté, le 29 janvier aura même été le seul jour de la semaine sans chômage technique !
Les organisations syndicales devraient donc s'entendre sur une grève reconductible, afin que les journées de travail soient elles-mêmes reconductible dans ces entreprises.

On se demandait qu'elles étaient les contreparties au refinancement de ce secteur par l'Etat, il s'agit donc de servir politiquement le gouvernement en donnant du travail ... les jours de grève.

Cette attitude est totalement irresponsable. Pour ces salariés les plus touchés par la crise, cela donne le sentiment que le gouvernement et certains patrons s'entendent en période de crise sur les dos des salariés.
Tant que l'on ne reviendra pas sur le fameux "paquet fiscal", ce sentiment d'injustice sera justifié. Comment ne pas être choqués, en effet ? A l'heure où l'on annonce chaque mois des dizaines de milliers de chômeurs supplémentaires, les contribuables les plus aisés reçoivent des chèques de plusieurs centaines de milliers d'euros !

Il y a quelques jours, Nicolas Sarkozy s'en prenait à SUD, nouveau bouc émissaire du président. Il faudrait lui rappeler qu'une entreprise, et à fortiori l'Etat, ont le type de syndicalisme qu'ils méritent. En étouffant l'expression des inquiétudes des salariés, en méprisant le dialogue social, en n'assumant pas les engagements publiques et la signature des accords sociaux... L'Etat et ces entreprises ne laissent aux salariés et à leurs organisations qu'une seule alternative : le discrédit et la soumission, ou la combativité et la radicalité.

Par son entêtement avant, pendant et après le 29 janvier, le gouvernement prend sciemment le risque d'une grave crise politique et sociale dans notre pays.