Interview de Pourria Amirshahi, la Charente Libre. Il a 37 ans, il est secrétaire fédéral du PS en Charente et secrétaire national. Il a un regard sans concession sur son parti mais plein d’espoir
Au lendemain de la déculottée du Parti socialiste aux élections européennes, le secrétaire fédéral en Charente Pouria Amirshahi répond à nos questions au retour du conseil national qui s’est tenu mardi soir à Paris.
En 1994, Michel Rocard avait démissionné après la défaite du PS aux européennes. Martine Aubry aurait-elle dû faire de même ?
Pouria Amirshahi. Non. Si elle démissionne, on repart obligatoirement pour un congrès. Soit six mois de surmédiatisation et de jeux des principaux acteurs devant micros et caméras. Ce qui accentuerait la mauvaise image du parti quand il y a tant à faire sur les problèmes de la France et du monde. Pour autant, je concède que son maintien au poste de premier secrétaire n’est pas non plus une garantie.
Benoît Hamon, dont vous êtes très proche, avait dit que battu il partirait. Il reste. Pourquoi ?
P. A. Il voulait partir et je compte parmi ceux qui l’ont convaincu de rester. Il est le seul ou presque dans les instances de ce parti qui parle normalement, comme un Cohn-Bendit ou un Besancenot. Il parle clair et direct. Il fallait qu’il reste. Il est l’avenir et l’espoir d’un autre PS.
Le conseil national auquel vous participiez mardi soir a duré cinq heures. Cinq heures pour quelle issue, dans quelle ambiance ?
P. A. Nous avons commencé à 300, nous n’étions plus qu’une cinquantaine à 22 heures. Je m’étais inscrit pour prendre la parole. Je me suis désinscrit après une heure et demie. Il ne s’est rien passé. Il ne se passe rien. On s’ennuie dans le parti. Ceci dit, ce congrès était nécessaire rapidement pour éviter des tirs dans tous les sens cette semaine. On y a beaucoup parlé de refondation et de rénovation. Pour l’heure, ça sonne creux.
Qu’est ce que vous proposez pour réanimer ce parti qui semble en état de mort clinique ?
P. A. D’abord le Parti socialiste n’est pas mort. Il est gravement blessé. Il faut sous huitaine des actions et des gestes forts et concrets. Il faut que Martine Aubry invite très vite autour de la table Europe écologie, le Front de gauche et le Nouveau parti anticapitaliste. Il ne s’agit pas de faire une UMP de gauche mais au moins de créer une maison commune. Chacun sa chambre mais pour tous un salon où l’on se rencontre en permanence.
Une maison commune mais quel choix : la social-démocratie, une gauche couleur marxiste ou une autre voie ?
P. A. Il faut s’ouvrir, débattre. Il faut imaginer un autre modèle de production, un autre modèle de consommation. Le rôle du PS ou d’un parti de gauche ce n’est pas de renvoyer les gens à un rôle de consommateur mais de leur rendre un rôle de citoyen. Il faut être concret de telle sorte que les gens nous entendent, ne disent plus qu’on ne ferait pas mieux que les autres.
Europe écologie a 14 eurodéputés mais ni Eva Joly, ni José Bové, entre autres, ne sont Verts. Le PS pourrait s’ouvrir ainsi ?
P. A. Les Verts avec Europe écologie, le PC avec le Front de gauche ont entamé leur propre dépassement. On sait ce qui nous reste à faire. Nous dépasser, c’est la clé. Evidemment, quand on entend Gérard Collomb, le maire de Lyon, dire qu’il ira voter à reculons aux européennes et faire la leçon mardi soir en conseil national, on voit qu’il y a du pain sur la planche. Beaucoup de gens ne sont pas à la hauteur de leur mission.
Au premier tour des législatives de 2007, les candidats du PS obtenaient plus de 60.000 voix en Charente. Dimanche dernier 22.315...
P. A. Il s’est passé en Charente ce qui s’est passé partout. Avec une petite consolation : nos résultats sont meilleurs que dans les autres départements de la grande région. Notre campagne aura peut-être été utile. Même si je regrette qu’elle n’ait pas été plus forte, que les grands élus ne soient pas impliqués ou très peu.
Ségolène Royal se tait depuis dimanche, les Verts auront des ailes en vue des régionales. Qu’en pensez-vous ?
P.A. Ségolène Royal a raison quand elle fustige le vieux parti. Elle porte en elle une vraie indignation. Elle est une bonne présidente de région qui n’a pas attendu pour agir sur le terrain de l’écologie. Pour ces trois raisons au moins, elle a des atouts, aussi bien dans la perspective des régionales que pour conserver sa dimension nationale. Et même plus puisqu’elle est désormais vice-présidente de l’Internationale socialiste.
Propos recueillis par Ivan DRAPEAU - Charente Libre du 11 juin 2009
lundi 15 juin 2009
Le nouveau Bulletin de Liaison Un Monde d'Avance (BLUMA) est arrivé!
Voici le lien pour accéder au BLUMA:
http://unmondedavance.eu/article.php3?id_article=346
http://unmondedavance.eu/article.php3?id_article=346
Le séminaire du Dépassement: une méthode et une piste après le 7 juin
Tous les militants et les personnes de bonne volonté sont appelés à réflechir et à débattre de propositions pour le séminaire du Dépassement le 7 juillet 2009.
Il s'agit de réfléchir comment faire gagner la gauche, comment penser une dynamique de rassemblement et d'élargissement à toute la gauche qui veut agir.
Le temps est venu de nous respecter les uns-les autres, de s'écouter et de s'enrichir mutuellement. Il s'agit aussi d'apporter un canevas qui va amener à une programmatique commune de gauche.
Gageons que l'été ne sera pas une période creuse au PS, avec fin août l'université d'été de La Rochelle et courant septembre l'université d'été d'Un Monde d'Avance dans les Landes.
Il s'agit de réfléchir comment faire gagner la gauche, comment penser une dynamique de rassemblement et d'élargissement à toute la gauche qui veut agir.
Le temps est venu de nous respecter les uns-les autres, de s'écouter et de s'enrichir mutuellement. Il s'agit aussi d'apporter un canevas qui va amener à une programmatique commune de gauche.
Gageons que l'été ne sera pas une période creuse au PS, avec fin août l'université d'été de La Rochelle et courant septembre l'université d'été d'Un Monde d'Avance dans les Landes.
mercredi 10 juin 2009
Intervention de Benoît Hamon, Porte-parole du PS, au Conseil national du PS du 9 juin
Cher-e-s Camarades,
Tout à l’heure, un camarade, le visage bronzé, me prenant par le bras, me disait « je suis social démocrate et je pense que ton discours a trop déporté le parti sur la gauche, ce qui explique que tant de voix se soient déplacées des socialistes vers les verts. »
Je me demande parfois pourquoi on ne se respecte pas davantage ? Pourquoi on s’inflige ce type d’analyse grossière et pourquoi on ne regarde pas la réalité de notre échec collectif en face ? Je me demande pourquoi, alors qu’on vient d’enregistrer un échec, après trois défaites successives à des scrutins nationaux, on en est encore à penser que, dans la bataille de l’interprétation, il y a encore une petite place à gratter, une petite victoire à emporter dans l’appareil ? Je me demande pourquoi on en est encore à essayer d’enfoncer un peu plus les uns pour se renforcer un peu plus soi-même. J’en prends ma part. Je n’ai jamais prétendu être exemplaire mais je pense que ce qu’on attend de nous, à l’issue d’une campagne difficile, c’est que nous nous respections. Nous appartenons à une grande formation politique qui mérite, à défaut de nous aimer tous, de nous respecter.
Je voudrais remercier tous ces militants qui, dans une campagne qui n’était pas facile parce qu’on ne nous aura rien épargné, ont mis leur orgueil et leurs états d’âme dans leur poche. Je remercie ces camarades qui ont décidé de faire campagne pour le PS, certains avec beaucoup d’engagement et d’envie, d’autres simplement par devoir parce qu’il fallait travailler pour le parti.
Je voudrais dire en quelques mots ce que je vois à l’issue de cette élection. Nous avons obtenu 2,1 millions de voix de moins qu’en 2004. L’extrême gauche en a recueilli 600 000 de plus et les Verts 1,5 million de plus, soit 2,1 millions au total. Il y a sans doute des voix qui se sont éparpillées ailleurs mais pour l’essentiel c’est au sein de la gauche que les voix se sont redistribuées.
La question qui nous est donc posée aujourd’hui est de savoir pourquoi les classes populaires ne votent plus pour nous et pire, pourquoi ont-elles pris l’habitude de ne plus venir voter ?
Si on veut préparer 2012 sérieusement, nous devrons savoir régler cette question là dans les trois ans qui viennent. C’est une question centrale.
Objectivement, la social-démocratie européenne - nous le disons tous avec nos mots – n’en finit pas d’être en crise. C’est même de ses rangs qu’est venu le principal argument qui nous a mis à genou, au début de la campagne. Certains pensaient que nous pouvions faire campagne, parler de la crise économique et sociale, offrir des solutions et en même temps que Barroso devait rester président de la Commission.
Quand Mme Lagarde demande que les déficits liés à la crise soient mis de côté, qui s’oppose à cela ? Deux socialistes européens. D’un côté Joaquin Amunia commissaire des affaires économiques et monétaires issu du PSOE et le ministre des finances allemand Peer Steinbrück du SPD. Ce sont des camarades, qui sur la question du pacte de stabilité et de croissance qui - alors que Mme Lagarde ne peut pas être suspecte d’une grande conversion sociale et régulatrice - défendent l’orthodoxie libérale. Cette crise de la sociale démocratie existe, ne soyons pas dans le déni. Ne soyons pas dans le déni parce que cette crise explique aussi pourquoi certaines thèses que nous avons défendues ensemble au sein du Parti socialiste européen - quelque soit notre appartenance à un courant ou à un autre - n’aient pas été entendues.
Pour cette législature, nous n’aurons, je crois, que 157 euro-députés socialistes. J’observe que les pays dans lesquels nous avons fait un bon score étaient ceux où le débat était le plus clivé. J’observe que là où les camarades ont gouverné en coalition, là où ils se sont considérablement recentrés, là où ils ont mis plus de temps à tirer les leçons de la crise que les libéraux, ils ont connu des échecs comparables ou pires que celui que nous connaissons en France.
Nous avons deux tâches historiques : préparer demain la manière dont la gauche socialiste française va reconquérir le pouvoir en France et préparer la refondation de la sociale démocratie européenne.
C’est pour ça que je pense que la réponse à ce que nous venons de vivre ne peut pas être une affaire de design, de mode, de changement de dispositif.
La réponse ne peut pas être de refaire ce que nous avons trop souvent fait : changer un peu le discours, remplacer tel camarade par un autre et espérer que tout ira mieux.
Le problème que nous avons, c’est que nous ne faisons plus envie.
Et même lorsque nous disons des choses intéressantes, les gens ne croient plus en nous.
Sur les marchés, lors des porte-à-porte, en campagne, on nous demandait ce que nous ferions de si différent par rapport aux libéraux. Et quand on arrivait à faire des propositions, on nous demandait si nous étions capables de gouverner malgré les divisions internes.
Nous l’avons tous vécu. Nous n’arrivons pas à incarner une alternative au modèle libéral, ni à rendre crédible une alternance. Nous sommes tous responsables de cette incapacité et je ne m’exclus pas de ce constat.
Nous avons aujourd’hui une base, 17 %. Cela nous laisse quelques raisons de croire que nous avons le devoir d’engager une nouvelle étape historique.
Tous les partis de gauche ont entrepris une tâche qui est celle de leur propre dépassement : à l’extrême gauche avec la création du NPA, à notre gauche avec la création du Front de gauche, - même si ce parti n’obtient que 31000 voix de plus qu’en 2004, alors qu’à l’époque il y avait un gros vote utile favorable aux socialistes -, et du côté des Verts avec la création d’Europe écologie qui est un dépassement réussi de ce qui était jusqu’ici leur identité.
Il nous revient, aujourd’hui, de nous inscrire aussi dans ce processus de dépassement. C’est ma conviction. Je ne crois pas que ce soit dans un énième rebond interne, autour d’un énième casting différent, que nous arriverons à proposer une alternance et une alternative crédibles au modèle libéral.
Alors comment réussir ce dépassement du PS ?
Je pense que nous devons nous laisser submerger par un processus politique qui aboutira à la constitution d’une maison commune de la gauche, - pour reprendre les mots de Martine -, avec trois sujets.
Premièrement, le projet. J’observe, qu’à gauche, tout le monde se pose les mêmes questions : le rôle de l’état, les régulations possibles au niveau national et international, les protections, les salaires, la répartition capital – travail, la protection de l’environnement, etc.
Nous nous posons ces questions de la même manière. Bien sur, nous ne les hiérarchisons pas de la même façon, mais il devrait être facile de réunir autour d’une table les dirigeants politiques et militants des partis de gauche pour en discuter.
Deuxièmement, l’échéance de 2012. Je suis personnellement favorable à un candidat unique de la gauche mais nous devons poser cette question sans préalable et sans imposer un ordre de discussion.
Avec un seul objectif : nous mettre en situation de battre Nicolas Sarkozy, au nom et avec le soutien des classes populaires et moyennes.
Troisièmement, la constitution d’une maison commune de la gauche, peu importe son nom, qui permette utilement aux militants de se parler, de se confronter.
Si nous parvenons à ce dépassement, sans préalable, sans volonté hégémonique, sans dicter nous-même l’agenda, je pense que le PS trouvera là le moyen de se refonder et de redevenir le porteur d’une espérance politique. Je souhaite que nous fixions dès cette semaine cette ambition. Je souhaite que nous proposions publiquement à nos partenaires cette offre de travail commun.
Je vous remercie.
Tout à l’heure, un camarade, le visage bronzé, me prenant par le bras, me disait « je suis social démocrate et je pense que ton discours a trop déporté le parti sur la gauche, ce qui explique que tant de voix se soient déplacées des socialistes vers les verts. »
Je me demande parfois pourquoi on ne se respecte pas davantage ? Pourquoi on s’inflige ce type d’analyse grossière et pourquoi on ne regarde pas la réalité de notre échec collectif en face ? Je me demande pourquoi, alors qu’on vient d’enregistrer un échec, après trois défaites successives à des scrutins nationaux, on en est encore à penser que, dans la bataille de l’interprétation, il y a encore une petite place à gratter, une petite victoire à emporter dans l’appareil ? Je me demande pourquoi on en est encore à essayer d’enfoncer un peu plus les uns pour se renforcer un peu plus soi-même. J’en prends ma part. Je n’ai jamais prétendu être exemplaire mais je pense que ce qu’on attend de nous, à l’issue d’une campagne difficile, c’est que nous nous respections. Nous appartenons à une grande formation politique qui mérite, à défaut de nous aimer tous, de nous respecter.
Je voudrais remercier tous ces militants qui, dans une campagne qui n’était pas facile parce qu’on ne nous aura rien épargné, ont mis leur orgueil et leurs états d’âme dans leur poche. Je remercie ces camarades qui ont décidé de faire campagne pour le PS, certains avec beaucoup d’engagement et d’envie, d’autres simplement par devoir parce qu’il fallait travailler pour le parti.
Je voudrais dire en quelques mots ce que je vois à l’issue de cette élection. Nous avons obtenu 2,1 millions de voix de moins qu’en 2004. L’extrême gauche en a recueilli 600 000 de plus et les Verts 1,5 million de plus, soit 2,1 millions au total. Il y a sans doute des voix qui se sont éparpillées ailleurs mais pour l’essentiel c’est au sein de la gauche que les voix se sont redistribuées.
La question qui nous est donc posée aujourd’hui est de savoir pourquoi les classes populaires ne votent plus pour nous et pire, pourquoi ont-elles pris l’habitude de ne plus venir voter ?
Si on veut préparer 2012 sérieusement, nous devrons savoir régler cette question là dans les trois ans qui viennent. C’est une question centrale.
Objectivement, la social-démocratie européenne - nous le disons tous avec nos mots – n’en finit pas d’être en crise. C’est même de ses rangs qu’est venu le principal argument qui nous a mis à genou, au début de la campagne. Certains pensaient que nous pouvions faire campagne, parler de la crise économique et sociale, offrir des solutions et en même temps que Barroso devait rester président de la Commission.
Quand Mme Lagarde demande que les déficits liés à la crise soient mis de côté, qui s’oppose à cela ? Deux socialistes européens. D’un côté Joaquin Amunia commissaire des affaires économiques et monétaires issu du PSOE et le ministre des finances allemand Peer Steinbrück du SPD. Ce sont des camarades, qui sur la question du pacte de stabilité et de croissance qui - alors que Mme Lagarde ne peut pas être suspecte d’une grande conversion sociale et régulatrice - défendent l’orthodoxie libérale. Cette crise de la sociale démocratie existe, ne soyons pas dans le déni. Ne soyons pas dans le déni parce que cette crise explique aussi pourquoi certaines thèses que nous avons défendues ensemble au sein du Parti socialiste européen - quelque soit notre appartenance à un courant ou à un autre - n’aient pas été entendues.
Pour cette législature, nous n’aurons, je crois, que 157 euro-députés socialistes. J’observe que les pays dans lesquels nous avons fait un bon score étaient ceux où le débat était le plus clivé. J’observe que là où les camarades ont gouverné en coalition, là où ils se sont considérablement recentrés, là où ils ont mis plus de temps à tirer les leçons de la crise que les libéraux, ils ont connu des échecs comparables ou pires que celui que nous connaissons en France.
Nous avons deux tâches historiques : préparer demain la manière dont la gauche socialiste française va reconquérir le pouvoir en France et préparer la refondation de la sociale démocratie européenne.
C’est pour ça que je pense que la réponse à ce que nous venons de vivre ne peut pas être une affaire de design, de mode, de changement de dispositif.
La réponse ne peut pas être de refaire ce que nous avons trop souvent fait : changer un peu le discours, remplacer tel camarade par un autre et espérer que tout ira mieux.
Le problème que nous avons, c’est que nous ne faisons plus envie.
Et même lorsque nous disons des choses intéressantes, les gens ne croient plus en nous.
Sur les marchés, lors des porte-à-porte, en campagne, on nous demandait ce que nous ferions de si différent par rapport aux libéraux. Et quand on arrivait à faire des propositions, on nous demandait si nous étions capables de gouverner malgré les divisions internes.
Nous l’avons tous vécu. Nous n’arrivons pas à incarner une alternative au modèle libéral, ni à rendre crédible une alternance. Nous sommes tous responsables de cette incapacité et je ne m’exclus pas de ce constat.
Nous avons aujourd’hui une base, 17 %. Cela nous laisse quelques raisons de croire que nous avons le devoir d’engager une nouvelle étape historique.
Tous les partis de gauche ont entrepris une tâche qui est celle de leur propre dépassement : à l’extrême gauche avec la création du NPA, à notre gauche avec la création du Front de gauche, - même si ce parti n’obtient que 31000 voix de plus qu’en 2004, alors qu’à l’époque il y avait un gros vote utile favorable aux socialistes -, et du côté des Verts avec la création d’Europe écologie qui est un dépassement réussi de ce qui était jusqu’ici leur identité.
Il nous revient, aujourd’hui, de nous inscrire aussi dans ce processus de dépassement. C’est ma conviction. Je ne crois pas que ce soit dans un énième rebond interne, autour d’un énième casting différent, que nous arriverons à proposer une alternance et une alternative crédibles au modèle libéral.
Alors comment réussir ce dépassement du PS ?
Je pense que nous devons nous laisser submerger par un processus politique qui aboutira à la constitution d’une maison commune de la gauche, - pour reprendre les mots de Martine -, avec trois sujets.
Premièrement, le projet. J’observe, qu’à gauche, tout le monde se pose les mêmes questions : le rôle de l’état, les régulations possibles au niveau national et international, les protections, les salaires, la répartition capital – travail, la protection de l’environnement, etc.
Nous nous posons ces questions de la même manière. Bien sur, nous ne les hiérarchisons pas de la même façon, mais il devrait être facile de réunir autour d’une table les dirigeants politiques et militants des partis de gauche pour en discuter.
Deuxièmement, l’échéance de 2012. Je suis personnellement favorable à un candidat unique de la gauche mais nous devons poser cette question sans préalable et sans imposer un ordre de discussion.
Avec un seul objectif : nous mettre en situation de battre Nicolas Sarkozy, au nom et avec le soutien des classes populaires et moyennes.
Troisièmement, la constitution d’une maison commune de la gauche, peu importe son nom, qui permette utilement aux militants de se parler, de se confronter.
Si nous parvenons à ce dépassement, sans préalable, sans volonté hégémonique, sans dicter nous-même l’agenda, je pense que le PS trouvera là le moyen de se refonder et de redevenir le porteur d’une espérance politique. Je souhaite que nous fixions dès cette semaine cette ambition. Je souhaite que nous proposions publiquement à nos partenaires cette offre de travail commun.
Je vous remercie.
lundi 1 juin 2009
Pourquoi faut-il voter le 7 juin ?
Le 7 Juin, dans quelques jours, ont lieu les élections pour élire nos députés au parlement européen. Ces élections peuvent apparaître à certains comme sans intérêt car il n’est pas évident de savoir ce que fait le parlement européen.
Nous, socialistes, sommes au contraire convaincus qu’il est urgent de voter. Pourquoi ?
Raison numéro un : apporter une réponse forte et cohérente à la crise.
La crise économique qui nous touche est sans précédent par son ampleur, sa violence, sa gravité. Nous connaissons tous des familles touchées par les difficultés quotidiennes (chômage, pouvoir d’achat…) parce qu’elles se comptent par milliers.
La réponse apportée par Nicolas Sarkozy et son gouvernement ainsi que par M. Barroso et la commission européenne nous apparaît insignifiante et injuste: aucune relance de la consommation, aucun plan de relance coordonné au niveau européen.
Voter aux élections européennes, c’est faire le choix politique du changement !
Faire le choix de députés de socialistes,
c’est défendre l’idée d’un plan de relance et les droits sociaux au niveau européen,
c’est faire le choix de députés qui désigneront un homme de gauche à la tête de la commission !
Raison numéro deux : soutenir un projet politique européen concret
Le Parti Socialiste Européen – le PSE ? est la seule force européenne qui ait défini un projet commun aux partis des 27 Etats membres. Il s’agit de changer la donne européenne en appliquant dès les 100 premiers jours des mesures sociales et des mesures de relance économique.
Ce projet commun - le Manifesto - est une démarche unique en Europe : c’est un premier pas vers une Europe politique et sociale !
Que faire pour changer l’Europe en 100 jours ?
1) Etablir un véritable plan de relance économique pour lutter contre la crise:
Avec 100 milliards d’euros par des mesures de soutien à la consommation et à l’investissement.
3% de la richesse consacrée à l’innovation, la recherche développement pour préparer notre avenir.
Une aide aux PME, entreprises les plus fragiles pour leur adaptation aux nouvelles normes (respect de l’environnement, nouveaux marchés du développement durable…).
2) Mettre en place un bouclier social afin de redonner du pouvoir d’achat et lutter contre les inégalités :
Un revenu minimum dans chaque pays européen
Protéger et développer les services publics :
Avec une directive pour empêcher les licenciements boursiers
Une clause de progrès social pour qu’aucune directive ne puisse affaiblir nos droits sociaux.
Une Europe exemplaire sur l’égalité entre les hommes et les femmes.
Une harmonisation fiscale des pays de l’Union :
Avec un rapprochement des législations nationales en matières fiscales et une harmonisation de l’impôt sur les sociétés afin de stopper les délocalisations.
Etablir une véritable progressivité de l’impôt afin de garantir les moyens d’action des services publics (Hôpitaux, éducation, santé…) avec une fiscalité plus juste.
3 ) Créer 10 millions d’emplois verts, un nouveau modèle économique de développement durable et une industrie qui préserve l’emploi :
Avec un Pacte Européen pour le développement de l’emploi.
Un « programme de compétences » destiné à préparer les salariés aux emplois de demain liés aux technologies vertes
Un programme européen de développement des énergies nouvelles afin de ne plus dépendre du pétrole
Développer l’efficacité énergétique pour créer des emplois, notamment dans les travaux d’isolation du bâtiment, mais aussi diminuer les dépenses par l’économie d’énergie.
Agir dès demain pour la relance de l’économie, une Europe sociale, un nouveau modèle de croissance et d’emplois verts,
c’est voter pour une force politique qui a un poids au niveau européen,
c’est voter pour un plan de mesures précises qui changent notre présent et notre avenir,c'est voter pour l'Europe sociale!
Le 7 Juin, c’est 1 seul jour – 1 seul tour,
je vote pour les propositions du PSE !
Nous, socialistes, sommes au contraire convaincus qu’il est urgent de voter. Pourquoi ?
Raison numéro un : apporter une réponse forte et cohérente à la crise.
La crise économique qui nous touche est sans précédent par son ampleur, sa violence, sa gravité. Nous connaissons tous des familles touchées par les difficultés quotidiennes (chômage, pouvoir d’achat…) parce qu’elles se comptent par milliers.
La réponse apportée par Nicolas Sarkozy et son gouvernement ainsi que par M. Barroso et la commission européenne nous apparaît insignifiante et injuste: aucune relance de la consommation, aucun plan de relance coordonné au niveau européen.
Voter aux élections européennes, c’est faire le choix politique du changement !
Faire le choix de députés de socialistes,
c’est défendre l’idée d’un plan de relance et les droits sociaux au niveau européen,
c’est faire le choix de députés qui désigneront un homme de gauche à la tête de la commission !
Raison numéro deux : soutenir un projet politique européen concret
Le Parti Socialiste Européen – le PSE ? est la seule force européenne qui ait défini un projet commun aux partis des 27 Etats membres. Il s’agit de changer la donne européenne en appliquant dès les 100 premiers jours des mesures sociales et des mesures de relance économique.
Ce projet commun - le Manifesto - est une démarche unique en Europe : c’est un premier pas vers une Europe politique et sociale !
Que faire pour changer l’Europe en 100 jours ?
1) Etablir un véritable plan de relance économique pour lutter contre la crise:
Avec 100 milliards d’euros par des mesures de soutien à la consommation et à l’investissement.
3% de la richesse consacrée à l’innovation, la recherche développement pour préparer notre avenir.
Une aide aux PME, entreprises les plus fragiles pour leur adaptation aux nouvelles normes (respect de l’environnement, nouveaux marchés du développement durable…).
2) Mettre en place un bouclier social afin de redonner du pouvoir d’achat et lutter contre les inégalités :
Un revenu minimum dans chaque pays européen
Protéger et développer les services publics :
Avec une directive pour empêcher les licenciements boursiers
Une clause de progrès social pour qu’aucune directive ne puisse affaiblir nos droits sociaux.
Une Europe exemplaire sur l’égalité entre les hommes et les femmes.
Une harmonisation fiscale des pays de l’Union :
Avec un rapprochement des législations nationales en matières fiscales et une harmonisation de l’impôt sur les sociétés afin de stopper les délocalisations.
Etablir une véritable progressivité de l’impôt afin de garantir les moyens d’action des services publics (Hôpitaux, éducation, santé…) avec une fiscalité plus juste.
3 ) Créer 10 millions d’emplois verts, un nouveau modèle économique de développement durable et une industrie qui préserve l’emploi :
Avec un Pacte Européen pour le développement de l’emploi.
Un « programme de compétences » destiné à préparer les salariés aux emplois de demain liés aux technologies vertes
Un programme européen de développement des énergies nouvelles afin de ne plus dépendre du pétrole
Développer l’efficacité énergétique pour créer des emplois, notamment dans les travaux d’isolation du bâtiment, mais aussi diminuer les dépenses par l’économie d’énergie.
Agir dès demain pour la relance de l’économie, une Europe sociale, un nouveau modèle de croissance et d’emplois verts,
c’est voter pour une force politique qui a un poids au niveau européen,
c’est voter pour un plan de mesures précises qui changent notre présent et notre avenir,c'est voter pour l'Europe sociale!
Le 7 Juin, c’est 1 seul jour – 1 seul tour,
je vote pour les propositions du PSE !
lundi 27 avril 2009
Les eurodéputés demandent la fin du secret bancaire pour 2014 (par Christophe Bérardi)
Le Parlement européen s'est prononcé, vendredi, en faveur de l'abandon du secret bancaire en Europe d'ici au 1er juillet 2014 afin de lutter contre la fraude fiscale.
Une fraude estimée à quelque 200 milliards d'euros par an.
"Les gouvernements européens ont mis sur la table près de 3000 milliards d'euros pour sauver les banques, il paraît légitime de demander en retour aux banquiers de jouer le jeu de la transparence", a expliqué l'auteur du rapport, le socialiste française, Benoît Hamon.
Les députés européens recommandent également que toutes les personnes morales - notamment les trusts et fondations - soient assujetties à cet impôt.STRASBOURG (AFP) — Le Parlement européen a réclamé que tous les pays de l'UE mettent fin au secret bancaire sur les revenus de l'épargne pour 2014 au plus tard, dans un avis consultatif adopté vendredi en plénière.
"Nous souhaitons qu'une date butoir soit fixée à 2014" dans une directive (loi) européenne sur la fiscalité de l'épargne, a résumé le rapporteur du texte, le socialiste français Benoît Hamon.
"Il est légitime, au moment où l'on demande aux contribuables européens de venir sauver le secteur bancaire, que le secteur bancaire fasse des efforts pour aider les Etats à lutter contre la fraude fiscale", a-t-il ajouté.
Dans son rapport, il souligne l'"enjeu économique majeur" de la fraude fiscale, évaluée à 200 milliards d'euros par an soit 2% du PIB de l'UE.
Selon un amendement voté vendredi, les eurodéputés souhaitent voir généralisés "au plus tard le 1er juillet 2014" les échanges automatiques d'informations dans l'UE.
Aujourd'hui, trois pays bénéficient d'un régime de transition: le Luxembourg, la Belgique et l'Autriche. En échange d'un prélèvement fiscal à la source pour les revenus de l'épargne, ils pratiquent le secret bancaire et échappent aux échanges d'information.
Seule la Belgique a fixé une date pour y mettre fin, 2010.
L'eurodéputée conservatrice luxembourgeoise Astrid Lulling a dénoncé la "tournure passionnelle" prise par les débats sur le secret bancaire, s'étonnant qu'on veuille "rendre obligatoire le système qui ne fonctionne pas".
"Contre toute logique, une majorité du Parlement a voté pour abolir le système de retenue à la source, qui fonctionne" et est "un système efficace, peu coûteux et qui assure que tout le monde paye des impôts", a-t-elle déploré. "C'est incompréhensible."
Elle avait déposé un amendement alternatif, qui entérinait un libre choix des pays européens entre participer au système d'informations ou appliquer de manière permanente le système de retenue à la source, mais il a été rejeté par le Parlement.
Lot de consolation pour le Luxembourg: les eurodéputés suggèrent aussi d'élargir une liste de paradis fiscaux annexée à la directive européenne, pour y inclure notamment les Etats américains du Delaware et du Nevada.
Leur fiscalité très faible avait été dénoncée par le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker.
Par ailleurs, dans une résolution séparée, le Parlement européen "demande au prochain sommet du G20 de convenir d'une action coordonnée et concrète pour fermer tous les paradis fiscaux et réglementaires et pour combler les failles fiscales et réglementaire +onshore" qui permettent une vaste évasion fiscale, même dans les grands centres financiers".
Comme pour toutes les questions fiscales, l'avis du Parlement est purement consultatif. Ni la Commission européenne, ni le Conseil réunissant les représentants des pays de l'UE ne sont obligés d'en tenir compte.
"Fixer une date butoir pour la période de transition est prématuré à ce stade" car le Conseil ne l'accepterait pas, a d'ailleurs reconnu jeudi soir le commissaire chargé de la fiscalité, Laszlo Kovacs.
L'idée d'une date butoir pour le secret bancaire inquiète aussi certains pays tiers, dont la Suisse, car ils craignent que l'UE ne leur demande dans le cadre d'accord fiscaux d'y renoncer aussi.
Une fraude estimée à quelque 200 milliards d'euros par an.
"Les gouvernements européens ont mis sur la table près de 3000 milliards d'euros pour sauver les banques, il paraît légitime de demander en retour aux banquiers de jouer le jeu de la transparence", a expliqué l'auteur du rapport, le socialiste française, Benoît Hamon.
Les députés européens recommandent également que toutes les personnes morales - notamment les trusts et fondations - soient assujetties à cet impôt.STRASBOURG (AFP) — Le Parlement européen a réclamé que tous les pays de l'UE mettent fin au secret bancaire sur les revenus de l'épargne pour 2014 au plus tard, dans un avis consultatif adopté vendredi en plénière.
"Nous souhaitons qu'une date butoir soit fixée à 2014" dans une directive (loi) européenne sur la fiscalité de l'épargne, a résumé le rapporteur du texte, le socialiste français Benoît Hamon.
"Il est légitime, au moment où l'on demande aux contribuables européens de venir sauver le secteur bancaire, que le secteur bancaire fasse des efforts pour aider les Etats à lutter contre la fraude fiscale", a-t-il ajouté.
Dans son rapport, il souligne l'"enjeu économique majeur" de la fraude fiscale, évaluée à 200 milliards d'euros par an soit 2% du PIB de l'UE.
Selon un amendement voté vendredi, les eurodéputés souhaitent voir généralisés "au plus tard le 1er juillet 2014" les échanges automatiques d'informations dans l'UE.
Aujourd'hui, trois pays bénéficient d'un régime de transition: le Luxembourg, la Belgique et l'Autriche. En échange d'un prélèvement fiscal à la source pour les revenus de l'épargne, ils pratiquent le secret bancaire et échappent aux échanges d'information.
Seule la Belgique a fixé une date pour y mettre fin, 2010.
L'eurodéputée conservatrice luxembourgeoise Astrid Lulling a dénoncé la "tournure passionnelle" prise par les débats sur le secret bancaire, s'étonnant qu'on veuille "rendre obligatoire le système qui ne fonctionne pas".
"Contre toute logique, une majorité du Parlement a voté pour abolir le système de retenue à la source, qui fonctionne" et est "un système efficace, peu coûteux et qui assure que tout le monde paye des impôts", a-t-elle déploré. "C'est incompréhensible."
Elle avait déposé un amendement alternatif, qui entérinait un libre choix des pays européens entre participer au système d'informations ou appliquer de manière permanente le système de retenue à la source, mais il a été rejeté par le Parlement.
Lot de consolation pour le Luxembourg: les eurodéputés suggèrent aussi d'élargir une liste de paradis fiscaux annexée à la directive européenne, pour y inclure notamment les Etats américains du Delaware et du Nevada.
Leur fiscalité très faible avait été dénoncée par le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker.
Par ailleurs, dans une résolution séparée, le Parlement européen "demande au prochain sommet du G20 de convenir d'une action coordonnée et concrète pour fermer tous les paradis fiscaux et réglementaires et pour combler les failles fiscales et réglementaire +onshore" qui permettent une vaste évasion fiscale, même dans les grands centres financiers".
Comme pour toutes les questions fiscales, l'avis du Parlement est purement consultatif. Ni la Commission européenne, ni le Conseil réunissant les représentants des pays de l'UE ne sont obligés d'en tenir compte.
"Fixer une date butoir pour la période de transition est prématuré à ce stade" car le Conseil ne l'accepterait pas, a d'ailleurs reconnu jeudi soir le commissaire chargé de la fiscalité, Laszlo Kovacs.
L'idée d'une date butoir pour le secret bancaire inquiète aussi certains pays tiers, dont la Suisse, car ils craignent que l'UE ne leur demande dans le cadre d'accord fiscaux d'y renoncer aussi.
samedi 4 avril 2009
BARROSO, président de la Commission Européenne : le bilan d'un libéral par Christophe Bérardi
Une fois le nouveau Parlement européen élu, le 7 juin prochain, il aura à se prononcer pour l’élection d’un nouveau président de la Commission européenne, le mandat de 5 ans de José Manuel Durao Barroso s’achevant. Candidat à sa propre succession, son bilan à la tête de l’exécutif européen et celui de la majorité de droite sortante, est pourtant critiqué.
Barroso plaide depuis novembre 2004 pour « l’Europe des résultats ». Mais de quels résultats parle-t-on, après cinq ans à la tête de la Commission européenne avec sa majorité conservatrice PPE dont l’UMP fait partie ?
Libéral, le président portugais a soutenu la directive Bolkestein en vantant le « principe du pays d’origine », quand tous les sondages montraient l’opposition des populations. Mais il s’est surtout illustré, depuis le début de la crise économique et financière, par son manque de vision pour l’Europe, et un non interventionnisme déroutant. Quant tout le monde réclamait un plan, au moins un débat, sur l’avenir de l’automobile en Europe, ce dernier a rejeté tout soutien au secteur sur les Etats membres. C’est d’ailleurs l’un des reproches les plus soulignés par ses opposants : son manque d’ambition et de propositions qui a marginalisé la Commission européenne au lieu de renforcer la cohérence européenne.
Pour Poul Nyrup Rasmussen, président du PSE, dans une interview au Monde du 28 mars dernier : « M. Barroso a été très passif dans sa gestion de la pire crise économique depuis la seconde guerre mondiale. Il essaie de faire croire que le plan de relance européen est proche de 4 % du PIB. Ce n'est tout simplement pas correct de prendre en compte les amortisseurs sociaux, qui augmentent avec la montée du chômage. Cela n'a rien à voir avec une politique volontariste de préservation des emplois. Le président de la Commission doit par ailleurs être capable de faire face aux gouvernements. Pour l'instant, nous avons un président qui représente le plus petit dénominateur commun et réduit l'Union européenne à une association intergouvernementale ».
Un manque d’autorité pointée du doigt dès son élection. Martin Schulz, président du groupe socialiste au Parlement européen, déclarait : «Quand il parle aux socialistes, il est socialiste. Quand il parle aux libéraux, il est libéral. Il dit aux gens ce qu'ils veulent entendre.» Sans donner de direction à l’Europe. Avec lui donc, l’Europe des citoyens ou l’Europe sociale n’ont pas pu avancer.
Barroso plaide depuis novembre 2004 pour « l’Europe des résultats ». Mais de quels résultats parle-t-on, après cinq ans à la tête de la Commission européenne avec sa majorité conservatrice PPE dont l’UMP fait partie ?
Libéral, le président portugais a soutenu la directive Bolkestein en vantant le « principe du pays d’origine », quand tous les sondages montraient l’opposition des populations. Mais il s’est surtout illustré, depuis le début de la crise économique et financière, par son manque de vision pour l’Europe, et un non interventionnisme déroutant. Quant tout le monde réclamait un plan, au moins un débat, sur l’avenir de l’automobile en Europe, ce dernier a rejeté tout soutien au secteur sur les Etats membres. C’est d’ailleurs l’un des reproches les plus soulignés par ses opposants : son manque d’ambition et de propositions qui a marginalisé la Commission européenne au lieu de renforcer la cohérence européenne.
Pour Poul Nyrup Rasmussen, président du PSE, dans une interview au Monde du 28 mars dernier : « M. Barroso a été très passif dans sa gestion de la pire crise économique depuis la seconde guerre mondiale. Il essaie de faire croire que le plan de relance européen est proche de 4 % du PIB. Ce n'est tout simplement pas correct de prendre en compte les amortisseurs sociaux, qui augmentent avec la montée du chômage. Cela n'a rien à voir avec une politique volontariste de préservation des emplois. Le président de la Commission doit par ailleurs être capable de faire face aux gouvernements. Pour l'instant, nous avons un président qui représente le plus petit dénominateur commun et réduit l'Union européenne à une association intergouvernementale ».
Un manque d’autorité pointée du doigt dès son élection. Martin Schulz, président du groupe socialiste au Parlement européen, déclarait : «Quand il parle aux socialistes, il est socialiste. Quand il parle aux libéraux, il est libéral. Il dit aux gens ce qu'ils veulent entendre.» Sans donner de direction à l’Europe. Avec lui donc, l’Europe des citoyens ou l’Europe sociale n’ont pas pu avancer.
dimanche 8 mars 2009
Pour une Europe qui protège...
La première base d'une Europe qui protège est la compréhension réelle de l'UE et donc pas des institutions claires et vraiment démocratiques, où le débat gauche-droite passera et où bien-sûr les idées d'égalité, de volonté d'acquérir de nouveaux droits doit être appliquées.
Cela est lié au renforcement du pouvoir du Parlement, un Parlement européen plus fort ayant le rôle d'un véritable gouvernement européen (de part ses délégations) et constituant un vrai contre-pouvoir face au Conseil européen (réunion des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union)est la source d'amélioration de l'Europe.
L'UE de droite nous a trop habitué à passer dessus les lois sous prétexte que c'était trop "compliqué": arrêts Rüffert, Laval, Viking et directive Bolkenstein. De qui se moque t-on?
Une Europe sociale passe par une politique économique issu de la redistribution vers plus de partage est déjà un premier point de départ pour fonder une politique sociale constructive.
Au-delà de l’intégration socio-économique des pays de l’est qui traîne en longueur, du fait de l’égoïsme des pays de l’ouest, s’impose l’idée d’un socle social européen par le haut avec un SMIC européen selon les niveaux de vie européens et la création d’une CMU à l’échelle européenne.
La directive Services n’est pas morte ! Malheureusement « Bolkenstein bis » sévit encore. Les associations , dans cette directive quand elles traitent de l’action éducative et d’encadrement social sont assimilées à des entreprises qui doivent être mises en concurrence avant le 31 décembre 2009.
Il convient d'en appeler à ce que le droit européen s’applique qui dit que l’intervention non-marchande et/ou publique est possible quand le caractère social est reconnu.
Ainsi l’on voit bien l’interprétation de la droite française qui ne voit dans l’intérêt général que la somme des intérêts particuliers or il s’agit uniquement d’un intérêt général global prévalent.
Pour une europe qui protège , il faut enfin se rendre compte que l’échelle européenne est la plus pertinente pour l’économie surtout avec la crise. Toutefois nos égoïsmes nationaux ne nous poussent pas à renforcer le budget européen qui est de 113 milliards d’euros, ce qui est beaucoup trop peu pour 27 pays, 1ere association économique du monde.
Certes, il convient de faire passer la part de chaque pays de 0,7% du budget national à 1% voire 1,5% mais surtout, il est possible de déléguer des compétences à l’Europe, ce qui serait plus efficace et meilleur (défense, …).
Dans ce cadre, la BCE se doit d’être pilotée par le Parlement et le Conseil européen et la chasse aux paradis fiscaux effectuée, en commençant par la suppression du secret bancaire.
Enfin, il nous faut créer une véritable notion de Service public européen d’abord dans les domaines de l’énergie , des finances et des transports.
Cela est lié au renforcement du pouvoir du Parlement, un Parlement européen plus fort ayant le rôle d'un véritable gouvernement européen (de part ses délégations) et constituant un vrai contre-pouvoir face au Conseil européen (réunion des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union)est la source d'amélioration de l'Europe.
L'UE de droite nous a trop habitué à passer dessus les lois sous prétexte que c'était trop "compliqué": arrêts Rüffert, Laval, Viking et directive Bolkenstein. De qui se moque t-on?
Une Europe sociale passe par une politique économique issu de la redistribution vers plus de partage est déjà un premier point de départ pour fonder une politique sociale constructive.
Au-delà de l’intégration socio-économique des pays de l’est qui traîne en longueur, du fait de l’égoïsme des pays de l’ouest, s’impose l’idée d’un socle social européen par le haut avec un SMIC européen selon les niveaux de vie européens et la création d’une CMU à l’échelle européenne.
La directive Services n’est pas morte ! Malheureusement « Bolkenstein bis » sévit encore. Les associations , dans cette directive quand elles traitent de l’action éducative et d’encadrement social sont assimilées à des entreprises qui doivent être mises en concurrence avant le 31 décembre 2009.
Il convient d'en appeler à ce que le droit européen s’applique qui dit que l’intervention non-marchande et/ou publique est possible quand le caractère social est reconnu.
Ainsi l’on voit bien l’interprétation de la droite française qui ne voit dans l’intérêt général que la somme des intérêts particuliers or il s’agit uniquement d’un intérêt général global prévalent.
Pour une europe qui protège , il faut enfin se rendre compte que l’échelle européenne est la plus pertinente pour l’économie surtout avec la crise. Toutefois nos égoïsmes nationaux ne nous poussent pas à renforcer le budget européen qui est de 113 milliards d’euros, ce qui est beaucoup trop peu pour 27 pays, 1ere association économique du monde.
Certes, il convient de faire passer la part de chaque pays de 0,7% du budget national à 1% voire 1,5% mais surtout, il est possible de déléguer des compétences à l’Europe, ce qui serait plus efficace et meilleur (défense, …).
Dans ce cadre, la BCE se doit d’être pilotée par le Parlement et le Conseil européen et la chasse aux paradis fiscaux effectuée, en commençant par la suppression du secret bancaire.
Enfin, il nous faut créer une véritable notion de Service public européen d’abord dans les domaines de l’énergie , des finances et des transports.
Donner une nouvelle direction à l’Europe, par Christophe Bérardi
Voté à la quasi-unanimité par le Bureau national et le Conseil national du 28 février, ce texte est le socle de départ du programme des socialistes pour les élections européennes de juin prochain :
I Nouveau monde, nouvelle Europe
Un besoin impérieux d’Europe
Rarement le besoin d’Europe n’a été aussi impérieux : les grands défis d’aujourd’hui -la crise économique et sociale, le dérèglement climatique, les dérives autoritaires des États, les conflits régionaux armés- ont tous des racines internationales et appellent des réponses internationales. Beaucoup peut et doit être fait au niveau des régions et des nations. Mais le niveau européen et mondial est décisif.
Les socialistes sont des partisans résolus de la construction européenne. Parce qu’elle a garanti la paix, l’Etat de droit, la démocratie sur notre continent. Mais aussi parce que l’Europe est nécessaire à une grande politique de réformes économiques et sociales.
Où en serions-nous si l’Europe n’avait pas, avec Mitterrand, Delors et Kohl donné une issue maîtrisée à la chute du Mur de Berlin dont nous fêtons le vingtième anniversaire ? Où en seraient l’Espagne, le Portugal, la Grèce, l’Irlande et tant de nos vieilles régions industrielles en reconversion si elles n’avaient pas massivement bénéficié des fonds structurels européens ? Où en serions-nous aujourd’hui si nous n’avions pas créé l’euro en 2000 ? Si 27 monnaies nationales s’affrontaient en permanence à coup de “dévaluations compétitives”?
Une période de doute
Mais ne nous le cachons pas, les Français traversent, et depuis longtemps, une période de doute vis-à-vis de l’Europe. Les avancées significatives, celles réalisées sur le terrain de la citoyenneté européenne, sur les échanges culturels, ne peuvent plus masquer les renoncements opérés sous la présidence Barroso, qui a vu les institutions européennes être gagnées par les idées du libéralisme économique. Même les plus europhiles d’entre eux peinent à retrouver, dans le cheminement actuel de la commission ou dans les pratiques des gouvernements de droite, les promesses de la fondation européenne, ses valeurs. Ce désenchantement, et parfois cette défiance, se mesurent dans l’abstention, les sondages, les résultats aux récents référendums. On ne peut combattre cet état d’esprit que par une réorientation de la construction européenne, ce que les socialistes appellent de leurs vœux depuis maintenant une décennie.
La crise d’un système
Nous faisons aujourd’hui face à un tournant. L’effondrement actuel de l’idéologie et des politiques néolibérales, le changement complet de contexte historique, nous permettent de renouer avec l’ambition des fondateurs : celle d’une Europe politique, porteuse non seulement d’un modèle social, mais aussi d’un idéal de civilisation.
La crise d’une exceptionnelle gravité qui nous frappe n’est pas une catastrophe naturelle. C’est la crise d’un système économique et social -le capitalisme financier néolibéral- qui s’est imposé peu à peu, après la victoire de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan, au début des années 1980. Trente ans de déréglementation, dérégulation, libéralisation, privatisation des services publics ont abouti à l’avènement d’une économie de l’endettement et de la spéculation, de plus en plus inégalitaire et vulnérable. C’est ce capitalisme mondialisé et dominé par la finance qui débouche aujourd’hui sur la crise économique la plus grave que le monde ait connue depuis 1929.
Les partisans du libre-échange sans règles, du laisser-faire et de la toute puissance de la finance ont vu s’effondrer sous leurs yeux un système de compression des salaires et de spéculation mettant en danger non seulement les économies nationales de nombreux pays, mais également des millions de vies, car la crise financière a débouché sur la crise économique, elle-même prélude à de graves crises sociales et politiques.
L’année 2009 ouvre une nouvelle phase des relations internationales et peut-être de l’Histoire. Elle est, au-delà de la crise du système économique libéral, caractérisée par la défaite des néoconservateurs américains et l’avènement d’une nouvelle administration aux États-Unis, plus éthique, plus multilatéraliste, plus coopérative avec l’Europe et plus interventionniste dans l’économie.
Le XXIème siècle doit être celui d’un monde multipolaire, plus juste, plus respectueux de notre environnement et des droits sociaux. Et c’est d’abord à l’échelle européenne que nous pouvons y œuvrer.
Pour une nouvelle Europe sociale, verte et prospère
L’Union européenne doit agir pour endiguer la crise, retrouver le chemin d’une croissance forte, durable et riche en emplois. C’est l’urgence. Mais elle doit aussi agir pour réformer en profondeur l’économie mondiale afin que pareil désastre ne se reproduise plus.
L’Europe doit défendre et approfondir sa démocratie - État de droit et démocratie politique bien sûr - , mais aussi démocratie économique et sociale qui est son bien le plus précieux et sa principale force motrice. Elle doit se rapprocher des citoyens.
Elle doit renforcer le dialogue et la coopération entre les peuples, pour s’opposer à la loi du plus fort et au “choc des civilisations”.
L’Europe sociale et fiscale ne saurait être un supplément d’âme. Elle est la condition sine qua non de la poursuite du projet européen par le refus clair du dumping.
Mais pour réorienter l’Europe, il faut d’abord envoyer au Parlement de Strasbourg une majorité de députés de gauche.
II Le bilan accablant de la droite
Car ce n’est pas des rangs la droite européenne qui a largement dominé pendant la dernière législature la Commission, le Conseil et le Parlement – 60% des bancs du Parlement sont occupés par des députés conservateurs libéraux et populistes que naîtra cette nouvelle Europe. Son bilan est accablant !
La droite n’a pas vu venir la crise
Aveuglée par son idéologie libérale, dévouée avant tout à la défense des intérêts de ses clientèles, la droite n’a pas vu venir la crise. Elle la croit encore conjoncturelle. Elle a tourné en dérision les mises en garde répétées des socialistes et rejeté leurs propositions. Elle a affaibli l’économie européenne en soutenant un Euro surévalué; en refusant de promouvoir une politique industrielle de champions européens; en baissant la garde face au dumping fiscal, social, monétaire, environnemental. Il faut se méfier des pyromanes d’hier, qui voudraient endosser aujourd’hui le costume de pompiers.
Des pompiers pyromanes
Dénonçons cette imposture par des faits. Au Parlement européen, les députés de l’UMP ont soutenu la directive Bolkestein, ont voté la “clause dérogatoire” sur la durée du travail qui permet d’étendre la semaine de travail jusqu’à 65 heures! Ils ont voté les directives déréglementant les services publics, et en dernier lieu, celui de la Poste. Ils ont approuvé les perspectives financières 2007-2013, qui nous valent en 2008 un budget européen réduit à moins de 1% de la richesse produite en Europe (le budget fédéral américain étant à 15% de celle produite aux États-Unis). Ils ont voté la “Directive de la Honte”, permettant de maintenir les immigrés pendant 18 mois dans les centres de rétention, et ont même osé s’opposer, aux côtés du FN, à l’amendement socialiste obligeant les Etats membres à prendre avant tout en compte, dans chaque décision, l’intérêt supérieur des mineurs.
Quand il a fallu défendre les services publics dans la directive « services », Les députés du Modem, membres du groupe libéral, alliés au PPE, s’y sont opposés. Ils ont voté contre la “taxe éthique” pénalisant les marchandises produites par le travail forcé des enfants et des détenus. Certes, oubliant brusquement ses odes au libéralisme économique et au prétendu « marché providence », la droite s’est portée au secours des banques et de certaines industries, avec l’argent des contribuables. Mais ses plans de relance sont insuffisants : 200 milliards d’euros dont 170 proviennent des plans nationaux des 27 États membres. Alors que l’administration Obama injecte près de 800 milliards de dollars dans l’économie américaine. Ils sont aussi injustes : il y manque le volet social sans lequel ils se trouvent déséquilibrés et dénués d’efficacité.
Donner à l’Europe le droit à l’alternance
Voilà le bilan de la droite. Et il faudrait que les mêmes restent aux commandes ? Que l’Europe continue avec le Président Barroso ? Un homme de droite dont le libéralisme économique, le conservatisme et l’atlantisme ne sont plus à prouver. Ne fut-il pas l’artisan de la Conférence des Açores, regroupant les Européens favorables à l’intervention de Bush en Irak ? Eh bien non ! Une nouvelle époque commence avec de nouvelles exigences.
Il faut donner un autre souffle à notre Union. Le nouveau cours mondial et la crise économique rendent caduc le compromis historique avec la droite dans la construction européenne. L’Europe a l’opportunité d’atteindre une nouvelle maturité démocratique. Elle le doit. Le suffrage universel, obtenu depuis 1979, ne suffit pas si les données du débat ne sont pas clairement établies. C’est aussi de cette façon que l’on rapprochera l’Europe des citoyens.
III Le Manifeste des socialistes en faveur d’un autre modèle de développement
S’il n’y a rien à attendre de la droite, l’espoir, à gauche, est là. Alors que les partis de droite européens sont incapables de s’entendre sur une réponse cohérente à la crise, l’ensemble des partis du PSE se sont dotés d’un ambitieux programme pour bâtir une autre Europe : le Manifeste “Les citoyens d’abord, un nouveau sens pour l’Europe” adopté par le PSE le 1er décembre 2008 à Madrid.
Les socialistes et sociaux démocrates européens s’y engagent ensemble de manière forte à relancer et à réorienter l’Union européenne dans le sens d’une Europe volontaire, sociale, écologique, démocratique et mieux intégrée. Une Nouvelle Europe qui protège ses citoyens, prépare l’avenir, travaille à une meilleure organisation et à une meilleure gouvernance du monde.
Pour un ambitieux plan de relance européen
Pour sortir de la crise, les socialistes proposent un vrai plan de relance de l’activité, à l’échelle continentale, en agissant à la fois sur l’investissement mais aussi la consommation. La demande intérieure constitue le principal moteur de la croissance en Europe. Il ne s’agit pas seulement de mieux coordonner les plans nationaux, de veiller à ce qu’ils soient plus “coopératifs”, mais de les intégrer dans une action d’ensemble pour faire jouer le levier européen.
Avec tous les socialistes de notre continent, nous proposons de mettre en œuvre les grands travaux d’équipement collectif et d’infrastructures transeuropéens -fret ferroviaire, TGV, transport fluvial et maritime, réseaux Internet à haut débit-, financés par des emprunts publics levés par la Banque Européenne d’Investissement.
Cette stratégie de relance est aussi l’occasion de développer “l’économie verte”, en investissant massivement dans les nouvelles sources d’énergie et dans les économies d’énergie -l’isolation thermique des logements et la mise aux normes de haute qualité environnementale, notamment, afin de soutenir les PME du bâtiment.
Il faudra aussi augmenter substantiellement notre effort de recherche, d’innovation, d’éducation initiale et tout au long de la vie, afin de valoriser pleinement le travail et la rémunération des Européens pour renforcer notre appareil productif dans les industries de pointe et les services à haute valeur ajoutée, valoriser pleinement la « matière grise ».
Et, encore, promouvoir des politiques industrielles, commerciales, monétaires communes afin de défendre et de renforcer le poids de l’économie européenne dans le monde. L’Union européenne doit revisiter la stratégie de Lisbonne et considérer désormais que la protection et le développement de ses industries traditionnelles doivent figurer parmi ses priorités au même titre que l’investissement dans l’économie verte, les industries de pointe et les services à haute valeur ajoutée. Nous voulons conserver et développer une base industrielle complète, condition essentielle à la lutte contre les délocalisations et au retour dans les meilleurs délais au plein emploi en Europe.
Il s’agit de gagner la bataille pour un nouveau modèle de développement, une nouvelle donne sociale, écologique et continentale. Cette relance par l’investissement, dans chaque État membre et au niveau de l’Union européenne, permettra de créer 10 millions d’emplois supplémentaires à l’horizon de 2020, dont 2 millions dans le seul secteur des énergies renouvelables.
Pour un Pacte Européen du progrès social
Le débat n’est pas tant de savoir si nous serions des partisans ou des adversaires du protectionnisme mais bien de déterminer quels intérêts nous souhaitons protéger. A l’opposé de la droite et des libéraux qui favorisent la finance et la rente, nous souhaitons favoriser la production, l’investissement et un nouveau partage des richesses plus favorable au travail.
Avec tous les socialistes européens, nous proposons un “Pacte européen du Progrès social” afin d’assurer à tous -retraités, demandeurs d’emplois, salariés peu qualifiés- un revenu décent et une protection sociale. Des salaires minimaux dans tous les États membres, qui pour nous devraient atteindre 60% du salaire médian de chacun des pays, étape vers un salaire minimum européen ; une directive garantissant l’intégrité des services publics ; l’augmentation de l’effort d’Education ; l’amélioration de la législation européenne garantissant les droits des salariés (conventions collectives, durée du travail, détachement des travailleurs, statut des jeunes stagiaires,…).
Toutes ces mesures devront s’accompagner d’un ensemble de réformes structurelles. Avec tous les socialistes de notre continent, nous proposons de réformer en profondeur le système financier international pour mettre les marchés financiers au service de l’économie réelle, de l’emploi et de la croissance. De mettre fin aux paradis fiscaux ainsi qu’à l’évasion fiscale; de faire de l’Europe le leader mondial de la lutte contre le changement climatique et pour la défense de l’environnement. De garantir aussi la qualité et la sécurité alimentaire, par une nouvelle PAC, ainsi que par la politique commune de la pêche; d’assurer l’égalité hommes-femmes, dans la rémunération et la progression professionnelle; de maîtriser dans le respect de nos valeurs le flux migratoire et l’accueil des immigrés; de promouvoir enfin la coopération - et non le choc des civilisations. Pour cela, nous nous engageons à réformer et démocratiser les institutions internationales multilatérales, en partenariat avec la nouvelle administration démocrate américaine.
Les socialistes français compléteront et préciseront cette Plateforme commune par des propositions qui leur tiennent à cœur et qui sont partagées par de nombreux partis du PSE en Europe :
- L’augmentation du budget de l’Union, avec des ressources propres, pour donner leur pleine efficacité aux politiques de solidarité et de préparation de l’avenir.
- La reconnaissance pour l’UE du droit de lever des emprunts pour financer ses investissements lourds à long terme.
- L’harmonisation des fiscalités, à commencer par celles des entreprises pour lutter contre le dumping fiscal et le dumping social, condition nécessaire à l’arrêt des délocalisations abusives à l’intérieur de l’Union Européenne.
- la définition d’une politique de juste échange, par une politique commerciale européenne ajustée pour permettre à la fois à nos industries les plus exposées de préserver leurs emplois en se modernisant, aux pays les moins avancés de continuer à se développer, et aux normes internationales du travail et de l’environnement de s’appliquer dans les processus de production.
- La coordination des politiques économiques rendue encore plus nécessaire par la faiblesse du dollar, du yuan et du yen et la refonte encore insuffisante du pacte de stabilité.
- Une Europe forte avec une vraie défense européenne et non cette subordination au commandement intégré de l’OTAN que Nicolas Sarkozy impose à la France.
Sur toutes ces questions, les socialistes français continueront leur combat avec énergie, mais lucides, ils porteront une attention toute particulière à de nouvelles stratégies de mise en œuvre, encore sous-utilisées dans l’Union.
Ainsi, si les négociations en faveur de mesures que nous défendons, achoppaient sur le veto de quelques Etats, nous soutiendrions l’engagement de “coopérations renforcées”. Ces “noyaux durs” offrent un cadre à des Etats pionniers soucieux d’aller plus loin et plus vite dans la construction européenne; quitte à être rejoints par la suite par d’autres, comme ce fut le cas pour l’euro.
C’est possible en matière de recherche, d’énergie, de transports propres, de télécommunications, de bio et de nanotechnologies, mais aussi de Défense. C’est enfin et surtout possible en matière d’harmonisation fiscale ou sociale.
Sur ce dernier point, nous pensons également que nous gagnerions à renforcer l’institutionnalisation d’un véritable dialogue social européen, en tant que mode alternatif de prise de décision à même de redonner de l’élan à l’Europe sociale.
Le projet d’une Europe politique doit toujours être celui des socialistes. La réalité de la capacité économique et sociale de l’Union Européenne se mesure à sa réalité politique. Les normes libérales imposées à l’Europe sur le Pacte de Stabilité ou sur les restrictions des aides d’Etat n’ont pas tenu face à la profondeur de la crise ! Les querelles institutionnelles ne sont plus de saison car l’ordre du jour de la nouvelle mandature est économique et social. Le traité de Lisbonne est une donnée, mais ne saurait borner l’ambition des socialistes pour l’Europe. L’effondrement du libéralisme financier a réduit la controverse entre socialistes européens sur les rôles respectifs du marché et de la puissance publique dans l’économie.
Les convergences nouvelles codifiées par le Manifeste pour une Europe forte et sociale constituent un tournant. Il y a aujourd’hui la possibilité de donner sa place à la politique au cœur de l’Europe et d’assumer jusqu’au bout le clivage avec la droite en faisant échec à une candidature Barroso, et, nous le souhaitons, en ayant un candidat commun issu du PSE pour la Présidence de la Commission capable d’entraîner toute la gauche et d’incarner le nouveau cours qu’il faut à l’Europe.
IV Avec le vote socialiste, les européens peuvent changer l’Europe
Pour regagner la confiance des peuples et redonner force au projet européen, nous voulons édifier une Europe nouvelle, la première démocratie économique et sociale du monde, creuset d’une nouvelle communauté politique et levier d’une autre mondialisation. Une Europe forte, une Europe des résultats, qui met en œuvre des politiques communes ambitieuses. Il faut aussi convaincre que le repli national comme le libre-échange sans règles, sont tous deux des impasses et non des solutions à nos maux. La protection et la promotion de nos concitoyens doivent aller de pair.
Aux élections de juin, les peuples d’Europe voudront sanctionner les majorités sortantes de droite, considérées à juste titre comme responsables de la crise.
Nous les appelons à le faire, non pas en votant pour ceux qui veulent seulement protester, témoigner. Mais pour les opposants déterminés, les socialistes européens, ceux qui se seront montrés capables de leur proposer une réponse crédible, portée par une majorité politique nouvelle, pour sortir de la crise. De les mobiliser aussi pour une réforme radicale de notre société.
Avec ses 220 députés, actifs dans chacun des 27 États de l’Union, armé de son Manifeste authentiquement progressiste, le PSE est la grande force d’alternance qui peut changer le cours de notre Union et être ainsi au rendez-vous de l’Histoire.
Changer l’Europe, c’est nécessaire, battre la droite, c’est faisable, donner un nouveau sens à l’Europe avec la gauche européenne, c’est possible.
Donner une nouvelle direction à l’Europe
Par christophe berardi, mercredi 4 mars 2009 à 13:20 | Catégorie GENERAL
Voté à la quasi-unanimité par le Bureau national et le Conseil national du 28 février, ce texte est le socle de départ du programme des socialistes pour les élections européennes de juin prochain :
I Nouveau monde, nouvelle Europe
Un besoin impérieux d’Europe
Rarement le besoin d’Europe n’a été aussi impérieux : les grands défis d’aujourd’hui -la crise économique et sociale, le dérèglement climatique, les dérives autoritaires des États, les conflits régionaux armés- ont tous des racines internationales et appellent des réponses internationales. Beaucoup peut et doit être fait au niveau des régions et des nations. Mais le niveau européen et mondial est décisif.
Les socialistes sont des partisans résolus de la construction européenne. Parce qu’elle a garanti la paix, l’Etat de droit, la démocratie sur notre continent. Mais aussi parce que l’Europe est nécessaire à une grande politique de réformes économiques et sociales.
Où en serions-nous si l’Europe n’avait pas, avec Mitterrand, Delors et Kohl donné une issue maîtrisée à la chute du Mur de Berlin dont nous fêtons le vingtième anniversaire ? Où en seraient l’Espagne, le Portugal, la Grèce, l’Irlande et tant de nos vieilles régions industrielles en reconversion si elles n’avaient pas massivement bénéficié des fonds structurels européens ? Où en serions-nous aujourd’hui si nous n’avions pas créé l’euro en 2000 ? Si 27 monnaies nationales s’affrontaient en permanence à coup de “dévaluations compétitives”?
Une période de doute
Mais ne nous le cachons pas, les Français traversent, et depuis longtemps, une période de doute vis-à-vis de l’Europe. Les avancées significatives, celles réalisées sur le terrain de la citoyenneté européenne, sur les échanges culturels, ne peuvent plus masquer les renoncements opérés sous la présidence Barroso, qui a vu les institutions européennes être gagnées par les idées du libéralisme économique. Même les plus europhiles d’entre eux peinent à retrouver, dans le cheminement actuel de la commission ou dans les pratiques des gouvernements de droite, les promesses de la fondation européenne, ses valeurs. Ce désenchantement, et parfois cette défiance, se mesurent dans l’abstention, les sondages, les résultats aux récents référendums. On ne peut combattre cet état d’esprit que par une réorientation de la construction européenne, ce que les socialistes appellent de leurs vœux depuis maintenant une décennie.
La crise d’un système
Nous faisons aujourd’hui face à un tournant. L’effondrement actuel de l’idéologie et des politiques néolibérales, le changement complet de contexte historique, nous permettent de renouer avec l’ambition des fondateurs : celle d’une Europe politique, porteuse non seulement d’un modèle social, mais aussi d’un idéal de civilisation.
La crise d’une exceptionnelle gravité qui nous frappe n’est pas une catastrophe naturelle. C’est la crise d’un système économique et social -le capitalisme financier néolibéral- qui s’est imposé peu à peu, après la victoire de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan, au début des années 1980. Trente ans de déréglementation, dérégulation, libéralisation, privatisation des services publics ont abouti à l’avènement d’une économie de l’endettement et de la spéculation, de plus en plus inégalitaire et vulnérable. C’est ce capitalisme mondialisé et dominé par la finance qui débouche aujourd’hui sur la crise économique la plus grave que le monde ait connue depuis 1929.
Les partisans du libre-échange sans règles, du laisser-faire et de la toute puissance de la finance ont vu s’effondrer sous leurs yeux un système de compression des salaires et de spéculation mettant en danger non seulement les économies nationales de nombreux pays, mais également des millions de vies, car la crise financière a débouché sur la crise économique, elle-même prélude à de graves crises sociales et politiques.
L’année 2009 ouvre une nouvelle phase des relations internationales et peut-être de l’Histoire. Elle est, au-delà de la crise du système économique libéral, caractérisée par la défaite des néoconservateurs américains et l’avènement d’une nouvelle administration aux États-Unis, plus éthique, plus multilatéraliste, plus coopérative avec l’Europe et plus interventionniste dans l’économie.
Le XXIème siècle doit être celui d’un monde multipolaire, plus juste, plus respectueux de notre environnement et des droits sociaux. Et c’est d’abord à l’échelle européenne que nous pouvons y œuvrer.
Pour une nouvelle Europe sociale, verte et prospère
L’Union européenne doit agir pour endiguer la crise, retrouver le chemin d’une croissance forte, durable et riche en emplois. C’est l’urgence. Mais elle doit aussi agir pour réformer en profondeur l’économie mondiale afin que pareil désastre ne se reproduise plus.
L’Europe doit défendre et approfondir sa démocratie - État de droit et démocratie politique bien sûr - , mais aussi démocratie économique et sociale qui est son bien le plus précieux et sa principale force motrice. Elle doit se rapprocher des citoyens.
Elle doit renforcer le dialogue et la coopération entre les peuples, pour s’opposer à la loi du plus fort et au “choc des civilisations”.
L’Europe sociale et fiscale ne saurait être un supplément d’âme. Elle est la condition sine qua non de la poursuite du projet européen par le refus clair du dumping.
Mais pour réorienter l’Europe, il faut d’abord envoyer au Parlement de Strasbourg une majorité de députés de gauche.
II Le bilan accablant de la droite
Car ce n’est pas des rangs la droite européenne qui a largement dominé pendant la dernière législature la Commission, le Conseil et le Parlement – 60% des bancs du Parlement sont occupés par des députés conservateurs libéraux et populistes que naîtra cette nouvelle Europe. Son bilan est accablant !
La droite n’a pas vu venir la crise
Aveuglée par son idéologie libérale, dévouée avant tout à la défense des intérêts de ses clientèles, la droite n’a pas vu venir la crise. Elle la croit encore conjoncturelle. Elle a tourné en dérision les mises en garde répétées des socialistes et rejeté leurs propositions. Elle a affaibli l’économie européenne en soutenant un Euro surévalué; en refusant de promouvoir une politique industrielle de champions européens; en baissant la garde face au dumping fiscal, social, monétaire, environnemental. Il faut se méfier des pyromanes d’hier, qui voudraient endosser aujourd’hui le costume de pompiers.
Des pompiers pyromanes
Dénonçons cette imposture par des faits. Au Parlement européen, les députés de l’UMP ont soutenu la directive Bolkestein, ont voté la “clause dérogatoire” sur la durée du travail qui permet d’étendre la semaine de travail jusqu’à 65 heures! Ils ont voté les directives déréglementant les services publics, et en dernier lieu, celui de la Poste. Ils ont approuvé les perspectives financières 2007-2013, qui nous valent en 2008 un budget européen réduit à moins de 1% de la richesse produite en Europe (le budget fédéral américain étant à 15% de celle produite aux États-Unis). Ils ont voté la “Directive de la Honte”, permettant de maintenir les immigrés pendant 18 mois dans les centres de rétention, et ont même osé s’opposer, aux côtés du FN, à l’amendement socialiste obligeant les Etats membres à prendre avant tout en compte, dans chaque décision, l’intérêt supérieur des mineurs.
Quand il a fallu défendre les services publics dans la directive « services », Les députés du Modem, membres du groupe libéral, alliés au PPE, s’y sont opposés. Ils ont voté contre la “taxe éthique” pénalisant les marchandises produites par le travail forcé des enfants et des détenus. Certes, oubliant brusquement ses odes au libéralisme économique et au prétendu « marché providence », la droite s’est portée au secours des banques et de certaines industries, avec l’argent des contribuables. Mais ses plans de relance sont insuffisants : 200 milliards d’euros dont 170 proviennent des plans nationaux des 27 États membres. Alors que l’administration Obama injecte près de 800 milliards de dollars dans l’économie américaine. Ils sont aussi injustes : il y manque le volet social sans lequel ils se trouvent déséquilibrés et dénués d’efficacité.
Donner à l’Europe le droit à l’alternance
Voilà le bilan de la droite. Et il faudrait que les mêmes restent aux commandes ? Que l’Europe continue avec le Président Barroso ? Un homme de droite dont le libéralisme économique, le conservatisme et l’atlantisme ne sont plus à prouver. Ne fut-il pas l’artisan de la Conférence des Açores, regroupant les Européens favorables à l’intervention de Bush en Irak ? Eh bien non ! Une nouvelle époque commence avec de nouvelles exigences.
Il faut donner un autre souffle à notre Union. Le nouveau cours mondial et la crise économique rendent caduc le compromis historique avec la droite dans la construction européenne. L’Europe a l’opportunité d’atteindre une nouvelle maturité démocratique. Elle le doit. Le suffrage universel, obtenu depuis 1979, ne suffit pas si les données du débat ne sont pas clairement établies. C’est aussi de cette façon que l’on rapprochera l’Europe des citoyens.
III Le Manifeste des socialistes en faveur d’un autre modèle de développement
S’il n’y a rien à attendre de la droite, l’espoir, à gauche, est là. Alors que les partis de droite européens sont incapables de s’entendre sur une réponse cohérente à la crise, l’ensemble des partis du PSE se sont dotés d’un ambitieux programme pour bâtir une autre Europe : le Manifeste “Les citoyens d’abord, un nouveau sens pour l’Europe” adopté par le PSE le 1er décembre 2008 à Madrid.
Les socialistes et sociaux démocrates européens s’y engagent ensemble de manière forte à relancer et à réorienter l’Union européenne dans le sens d’une Europe volontaire, sociale, écologique, démocratique et mieux intégrée. Une Nouvelle Europe qui protège ses citoyens, prépare l’avenir, travaille à une meilleure organisation et à une meilleure gouvernance du monde.
Pour un ambitieux plan de relance européen
Pour sortir de la crise, les socialistes proposent un vrai plan de relance de l’activité, à l’échelle continentale, en agissant à la fois sur l’investissement mais aussi la consommation. La demande intérieure constitue le principal moteur de la croissance en Europe. Il ne s’agit pas seulement de mieux coordonner les plans nationaux, de veiller à ce qu’ils soient plus “coopératifs”, mais de les intégrer dans une action d’ensemble pour faire jouer le levier européen.
Avec tous les socialistes de notre continent, nous proposons de mettre en œuvre les grands travaux d’équipement collectif et d’infrastructures transeuropéens -fret ferroviaire, TGV, transport fluvial et maritime, réseaux Internet à haut débit-, financés par des emprunts publics levés par la Banque Européenne d’Investissement.
Cette stratégie de relance est aussi l’occasion de développer “l’économie verte”, en investissant massivement dans les nouvelles sources d’énergie et dans les économies d’énergie -l’isolation thermique des logements et la mise aux normes de haute qualité environnementale, notamment, afin de soutenir les PME du bâtiment.
Il faudra aussi augmenter substantiellement notre effort de recherche, d’innovation, d’éducation initiale et tout au long de la vie, afin de valoriser pleinement le travail et la rémunération des Européens pour renforcer notre appareil productif dans les industries de pointe et les services à haute valeur ajoutée, valoriser pleinement la « matière grise ».
Et, encore, promouvoir des politiques industrielles, commerciales, monétaires communes afin de défendre et de renforcer le poids de l’économie européenne dans le monde. L’Union européenne doit revisiter la stratégie de Lisbonne et considérer désormais que la protection et le développement de ses industries traditionnelles doivent figurer parmi ses priorités au même titre que l’investissement dans l’économie verte, les industries de pointe et les services à haute valeur ajoutée. Nous voulons conserver et développer une base industrielle complète, condition essentielle à la lutte contre les délocalisations et au retour dans les meilleurs délais au plein emploi en Europe.
Il s’agit de gagner la bataille pour un nouveau modèle de développement, une nouvelle donne sociale, écologique et continentale. Cette relance par l’investissement, dans chaque État membre et au niveau de l’Union européenne, permettra de créer 10 millions d’emplois supplémentaires à l’horizon de 2020, dont 2 millions dans le seul secteur des énergies renouvelables.
Pour un Pacte Européen du progrès social
Le débat n’est pas tant de savoir si nous serions des partisans ou des adversaires du protectionnisme mais bien de déterminer quels intérêts nous souhaitons protéger. A l’opposé de la droite et des libéraux qui favorisent la finance et la rente, nous souhaitons favoriser la production, l’investissement et un nouveau partage des richesses plus favorable au travail.
Avec tous les socialistes européens, nous proposons un “Pacte européen du Progrès social” afin d’assurer à tous -retraités, demandeurs d’emplois, salariés peu qualifiés- un revenu décent et une protection sociale. Des salaires minimaux dans tous les États membres, qui pour nous devraient atteindre 60% du salaire médian de chacun des pays, étape vers un salaire minimum européen ; une directive garantissant l’intégrité des services publics ; l’augmentation de l’effort d’Education ; l’amélioration de la législation européenne garantissant les droits des salariés (conventions collectives, durée du travail, détachement des travailleurs, statut des jeunes stagiaires,…).
Toutes ces mesures devront s’accompagner d’un ensemble de réformes structurelles. Avec tous les socialistes de notre continent, nous proposons de réformer en profondeur le système financier international pour mettre les marchés financiers au service de l’économie réelle, de l’emploi et de la croissance. De mettre fin aux paradis fiscaux ainsi qu’à l’évasion fiscale; de faire de l’Europe le leader mondial de la lutte contre le changement climatique et pour la défense de l’environnement. De garantir aussi la qualité et la sécurité alimentaire, par une nouvelle PAC, ainsi que par la politique commune de la pêche; d’assurer l’égalité hommes-femmes, dans la rémunération et la progression professionnelle; de maîtriser dans le respect de nos valeurs le flux migratoire et l’accueil des immigrés; de promouvoir enfin la coopération - et non le choc des civilisations. Pour cela, nous nous engageons à réformer et démocratiser les institutions internationales multilatérales, en partenariat avec la nouvelle administration démocrate américaine.
Les socialistes français compléteront et préciseront cette Plateforme commune par des propositions qui leur tiennent à cœur et qui sont partagées par de nombreux partis du PSE en Europe :
- L’augmentation du budget de l’Union, avec des ressources propres, pour donner leur pleine efficacité aux politiques de solidarité et de préparation de l’avenir.
- La reconnaissance pour l’UE du droit de lever des emprunts pour financer ses investissements lourds à long terme.
- L’harmonisation des fiscalités, à commencer par celles des entreprises pour lutter contre le dumping fiscal et le dumping social, condition nécessaire à l’arrêt des délocalisations abusives à l’intérieur de l’Union Européenne.
- la définition d’une politique de juste échange, par une politique commerciale européenne ajustée pour permettre à la fois à nos industries les plus exposées de préserver leurs emplois en se modernisant, aux pays les moins avancés de continuer à se développer, et aux normes internationales du travail et de l’environnement de s’appliquer dans les processus de production.
- La coordination des politiques économiques rendue encore plus nécessaire par la faiblesse du dollar, du yuan et du yen et la refonte encore insuffisante du pacte de stabilité.
- Une Europe forte avec une vraie défense européenne et non cette subordination au commandement intégré de l’OTAN que Nicolas Sarkozy impose à la France.
Sur toutes ces questions, les socialistes français continueront leur combat avec énergie, mais lucides, ils porteront une attention toute particulière à de nouvelles stratégies de mise en œuvre, encore sous-utilisées dans l’Union.
Ainsi, si les négociations en faveur de mesures que nous défendons, achoppaient sur le veto de quelques Etats, nous soutiendrions l’engagement de “coopérations renforcées”. Ces “noyaux durs” offrent un cadre à des Etats pionniers soucieux d’aller plus loin et plus vite dans la construction européenne; quitte à être rejoints par la suite par d’autres, comme ce fut le cas pour l’euro.
C’est possible en matière de recherche, d’énergie, de transports propres, de télécommunications, de bio et de nanotechnologies, mais aussi de Défense. C’est enfin et surtout possible en matière d’harmonisation fiscale ou sociale.
Sur ce dernier point, nous pensons également que nous gagnerions à renforcer l’institutionnalisation d’un véritable dialogue social européen, en tant que mode alternatif de prise de décision à même de redonner de l’élan à l’Europe sociale.
Le projet d’une Europe politique doit toujours être celui des socialistes. La réalité de la capacité économique et sociale de l’Union Européenne se mesure à sa réalité politique. Les normes libérales imposées à l’Europe sur le Pacte de Stabilité ou sur les restrictions des aides d’Etat n’ont pas tenu face à la profondeur de la crise ! Les querelles institutionnelles ne sont plus de saison car l’ordre du jour de la nouvelle mandature est économique et social. Le traité de Lisbonne est une donnée, mais ne saurait borner l’ambition des socialistes pour l’Europe. L’effondrement du libéralisme financier a réduit la controverse entre socialistes européens sur les rôles respectifs du marché et de la puissance publique dans l’économie.
Les convergences nouvelles codifiées par le Manifeste pour une Europe forte et sociale constituent un tournant. Il y a aujourd’hui la possibilité de donner sa place à la politique au cœur de l’Europe et d’assumer jusqu’au bout le clivage avec la droite en faisant échec à une candidature Barroso, et, nous le souhaitons, en ayant un candidat commun issu du PSE pour la Présidence de la Commission capable d’entraîner toute la gauche et d’incarner le nouveau cours qu’il faut à l’Europe.
IV Avec le vote socialiste, les européens peuvent changer l’Europe
Pour regagner la confiance des peuples et redonner force au projet européen, nous voulons édifier une Europe nouvelle, la première démocratie économique et sociale du monde, creuset d’une nouvelle communauté politique et levier d’une autre mondialisation. Une Europe forte, une Europe des résultats, qui met en œuvre des politiques communes ambitieuses. Il faut aussi convaincre que le repli national comme le libre-échange sans règles, sont tous deux des impasses et non des solutions à nos maux. La protection et la promotion de nos concitoyens doivent aller de pair.
Aux élections de juin, les peuples d’Europe voudront sanctionner les majorités sortantes de droite, considérées à juste titre comme responsables de la crise.
Nous les appelons à le faire, non pas en votant pour ceux qui veulent seulement protester, témoigner. Mais pour les opposants déterminés, les socialistes européens, ceux qui se seront montrés capables de leur proposer une réponse crédible, portée par une majorité politique nouvelle, pour sortir de la crise. De les mobiliser aussi pour une réforme radicale de notre société.
Avec ses 220 députés, actifs dans chacun des 27 États de l’Union, armé de son Manifeste authentiquement progressiste, le PSE est la grande force d’alternance qui peut changer le cours de notre Union et être ainsi au rendez-vous de l’Histoire.
Changer l’Europe, c’est nécessaire, battre la droite, c’est faisable, donner un nouveau sens à l’Europe avec la gauche européenne, c’est possible.
I Nouveau monde, nouvelle Europe
Un besoin impérieux d’Europe
Rarement le besoin d’Europe n’a été aussi impérieux : les grands défis d’aujourd’hui -la crise économique et sociale, le dérèglement climatique, les dérives autoritaires des États, les conflits régionaux armés- ont tous des racines internationales et appellent des réponses internationales. Beaucoup peut et doit être fait au niveau des régions et des nations. Mais le niveau européen et mondial est décisif.
Les socialistes sont des partisans résolus de la construction européenne. Parce qu’elle a garanti la paix, l’Etat de droit, la démocratie sur notre continent. Mais aussi parce que l’Europe est nécessaire à une grande politique de réformes économiques et sociales.
Où en serions-nous si l’Europe n’avait pas, avec Mitterrand, Delors et Kohl donné une issue maîtrisée à la chute du Mur de Berlin dont nous fêtons le vingtième anniversaire ? Où en seraient l’Espagne, le Portugal, la Grèce, l’Irlande et tant de nos vieilles régions industrielles en reconversion si elles n’avaient pas massivement bénéficié des fonds structurels européens ? Où en serions-nous aujourd’hui si nous n’avions pas créé l’euro en 2000 ? Si 27 monnaies nationales s’affrontaient en permanence à coup de “dévaluations compétitives”?
Une période de doute
Mais ne nous le cachons pas, les Français traversent, et depuis longtemps, une période de doute vis-à-vis de l’Europe. Les avancées significatives, celles réalisées sur le terrain de la citoyenneté européenne, sur les échanges culturels, ne peuvent plus masquer les renoncements opérés sous la présidence Barroso, qui a vu les institutions européennes être gagnées par les idées du libéralisme économique. Même les plus europhiles d’entre eux peinent à retrouver, dans le cheminement actuel de la commission ou dans les pratiques des gouvernements de droite, les promesses de la fondation européenne, ses valeurs. Ce désenchantement, et parfois cette défiance, se mesurent dans l’abstention, les sondages, les résultats aux récents référendums. On ne peut combattre cet état d’esprit que par une réorientation de la construction européenne, ce que les socialistes appellent de leurs vœux depuis maintenant une décennie.
La crise d’un système
Nous faisons aujourd’hui face à un tournant. L’effondrement actuel de l’idéologie et des politiques néolibérales, le changement complet de contexte historique, nous permettent de renouer avec l’ambition des fondateurs : celle d’une Europe politique, porteuse non seulement d’un modèle social, mais aussi d’un idéal de civilisation.
La crise d’une exceptionnelle gravité qui nous frappe n’est pas une catastrophe naturelle. C’est la crise d’un système économique et social -le capitalisme financier néolibéral- qui s’est imposé peu à peu, après la victoire de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan, au début des années 1980. Trente ans de déréglementation, dérégulation, libéralisation, privatisation des services publics ont abouti à l’avènement d’une économie de l’endettement et de la spéculation, de plus en plus inégalitaire et vulnérable. C’est ce capitalisme mondialisé et dominé par la finance qui débouche aujourd’hui sur la crise économique la plus grave que le monde ait connue depuis 1929.
Les partisans du libre-échange sans règles, du laisser-faire et de la toute puissance de la finance ont vu s’effondrer sous leurs yeux un système de compression des salaires et de spéculation mettant en danger non seulement les économies nationales de nombreux pays, mais également des millions de vies, car la crise financière a débouché sur la crise économique, elle-même prélude à de graves crises sociales et politiques.
L’année 2009 ouvre une nouvelle phase des relations internationales et peut-être de l’Histoire. Elle est, au-delà de la crise du système économique libéral, caractérisée par la défaite des néoconservateurs américains et l’avènement d’une nouvelle administration aux États-Unis, plus éthique, plus multilatéraliste, plus coopérative avec l’Europe et plus interventionniste dans l’économie.
Le XXIème siècle doit être celui d’un monde multipolaire, plus juste, plus respectueux de notre environnement et des droits sociaux. Et c’est d’abord à l’échelle européenne que nous pouvons y œuvrer.
Pour une nouvelle Europe sociale, verte et prospère
L’Union européenne doit agir pour endiguer la crise, retrouver le chemin d’une croissance forte, durable et riche en emplois. C’est l’urgence. Mais elle doit aussi agir pour réformer en profondeur l’économie mondiale afin que pareil désastre ne se reproduise plus.
L’Europe doit défendre et approfondir sa démocratie - État de droit et démocratie politique bien sûr - , mais aussi démocratie économique et sociale qui est son bien le plus précieux et sa principale force motrice. Elle doit se rapprocher des citoyens.
Elle doit renforcer le dialogue et la coopération entre les peuples, pour s’opposer à la loi du plus fort et au “choc des civilisations”.
L’Europe sociale et fiscale ne saurait être un supplément d’âme. Elle est la condition sine qua non de la poursuite du projet européen par le refus clair du dumping.
Mais pour réorienter l’Europe, il faut d’abord envoyer au Parlement de Strasbourg une majorité de députés de gauche.
II Le bilan accablant de la droite
Car ce n’est pas des rangs la droite européenne qui a largement dominé pendant la dernière législature la Commission, le Conseil et le Parlement – 60% des bancs du Parlement sont occupés par des députés conservateurs libéraux et populistes que naîtra cette nouvelle Europe. Son bilan est accablant !
La droite n’a pas vu venir la crise
Aveuglée par son idéologie libérale, dévouée avant tout à la défense des intérêts de ses clientèles, la droite n’a pas vu venir la crise. Elle la croit encore conjoncturelle. Elle a tourné en dérision les mises en garde répétées des socialistes et rejeté leurs propositions. Elle a affaibli l’économie européenne en soutenant un Euro surévalué; en refusant de promouvoir une politique industrielle de champions européens; en baissant la garde face au dumping fiscal, social, monétaire, environnemental. Il faut se méfier des pyromanes d’hier, qui voudraient endosser aujourd’hui le costume de pompiers.
Des pompiers pyromanes
Dénonçons cette imposture par des faits. Au Parlement européen, les députés de l’UMP ont soutenu la directive Bolkestein, ont voté la “clause dérogatoire” sur la durée du travail qui permet d’étendre la semaine de travail jusqu’à 65 heures! Ils ont voté les directives déréglementant les services publics, et en dernier lieu, celui de la Poste. Ils ont approuvé les perspectives financières 2007-2013, qui nous valent en 2008 un budget européen réduit à moins de 1% de la richesse produite en Europe (le budget fédéral américain étant à 15% de celle produite aux États-Unis). Ils ont voté la “Directive de la Honte”, permettant de maintenir les immigrés pendant 18 mois dans les centres de rétention, et ont même osé s’opposer, aux côtés du FN, à l’amendement socialiste obligeant les Etats membres à prendre avant tout en compte, dans chaque décision, l’intérêt supérieur des mineurs.
Quand il a fallu défendre les services publics dans la directive « services », Les députés du Modem, membres du groupe libéral, alliés au PPE, s’y sont opposés. Ils ont voté contre la “taxe éthique” pénalisant les marchandises produites par le travail forcé des enfants et des détenus. Certes, oubliant brusquement ses odes au libéralisme économique et au prétendu « marché providence », la droite s’est portée au secours des banques et de certaines industries, avec l’argent des contribuables. Mais ses plans de relance sont insuffisants : 200 milliards d’euros dont 170 proviennent des plans nationaux des 27 États membres. Alors que l’administration Obama injecte près de 800 milliards de dollars dans l’économie américaine. Ils sont aussi injustes : il y manque le volet social sans lequel ils se trouvent déséquilibrés et dénués d’efficacité.
Donner à l’Europe le droit à l’alternance
Voilà le bilan de la droite. Et il faudrait que les mêmes restent aux commandes ? Que l’Europe continue avec le Président Barroso ? Un homme de droite dont le libéralisme économique, le conservatisme et l’atlantisme ne sont plus à prouver. Ne fut-il pas l’artisan de la Conférence des Açores, regroupant les Européens favorables à l’intervention de Bush en Irak ? Eh bien non ! Une nouvelle époque commence avec de nouvelles exigences.
Il faut donner un autre souffle à notre Union. Le nouveau cours mondial et la crise économique rendent caduc le compromis historique avec la droite dans la construction européenne. L’Europe a l’opportunité d’atteindre une nouvelle maturité démocratique. Elle le doit. Le suffrage universel, obtenu depuis 1979, ne suffit pas si les données du débat ne sont pas clairement établies. C’est aussi de cette façon que l’on rapprochera l’Europe des citoyens.
III Le Manifeste des socialistes en faveur d’un autre modèle de développement
S’il n’y a rien à attendre de la droite, l’espoir, à gauche, est là. Alors que les partis de droite européens sont incapables de s’entendre sur une réponse cohérente à la crise, l’ensemble des partis du PSE se sont dotés d’un ambitieux programme pour bâtir une autre Europe : le Manifeste “Les citoyens d’abord, un nouveau sens pour l’Europe” adopté par le PSE le 1er décembre 2008 à Madrid.
Les socialistes et sociaux démocrates européens s’y engagent ensemble de manière forte à relancer et à réorienter l’Union européenne dans le sens d’une Europe volontaire, sociale, écologique, démocratique et mieux intégrée. Une Nouvelle Europe qui protège ses citoyens, prépare l’avenir, travaille à une meilleure organisation et à une meilleure gouvernance du monde.
Pour un ambitieux plan de relance européen
Pour sortir de la crise, les socialistes proposent un vrai plan de relance de l’activité, à l’échelle continentale, en agissant à la fois sur l’investissement mais aussi la consommation. La demande intérieure constitue le principal moteur de la croissance en Europe. Il ne s’agit pas seulement de mieux coordonner les plans nationaux, de veiller à ce qu’ils soient plus “coopératifs”, mais de les intégrer dans une action d’ensemble pour faire jouer le levier européen.
Avec tous les socialistes de notre continent, nous proposons de mettre en œuvre les grands travaux d’équipement collectif et d’infrastructures transeuropéens -fret ferroviaire, TGV, transport fluvial et maritime, réseaux Internet à haut débit-, financés par des emprunts publics levés par la Banque Européenne d’Investissement.
Cette stratégie de relance est aussi l’occasion de développer “l’économie verte”, en investissant massivement dans les nouvelles sources d’énergie et dans les économies d’énergie -l’isolation thermique des logements et la mise aux normes de haute qualité environnementale, notamment, afin de soutenir les PME du bâtiment.
Il faudra aussi augmenter substantiellement notre effort de recherche, d’innovation, d’éducation initiale et tout au long de la vie, afin de valoriser pleinement le travail et la rémunération des Européens pour renforcer notre appareil productif dans les industries de pointe et les services à haute valeur ajoutée, valoriser pleinement la « matière grise ».
Et, encore, promouvoir des politiques industrielles, commerciales, monétaires communes afin de défendre et de renforcer le poids de l’économie européenne dans le monde. L’Union européenne doit revisiter la stratégie de Lisbonne et considérer désormais que la protection et le développement de ses industries traditionnelles doivent figurer parmi ses priorités au même titre que l’investissement dans l’économie verte, les industries de pointe et les services à haute valeur ajoutée. Nous voulons conserver et développer une base industrielle complète, condition essentielle à la lutte contre les délocalisations et au retour dans les meilleurs délais au plein emploi en Europe.
Il s’agit de gagner la bataille pour un nouveau modèle de développement, une nouvelle donne sociale, écologique et continentale. Cette relance par l’investissement, dans chaque État membre et au niveau de l’Union européenne, permettra de créer 10 millions d’emplois supplémentaires à l’horizon de 2020, dont 2 millions dans le seul secteur des énergies renouvelables.
Pour un Pacte Européen du progrès social
Le débat n’est pas tant de savoir si nous serions des partisans ou des adversaires du protectionnisme mais bien de déterminer quels intérêts nous souhaitons protéger. A l’opposé de la droite et des libéraux qui favorisent la finance et la rente, nous souhaitons favoriser la production, l’investissement et un nouveau partage des richesses plus favorable au travail.
Avec tous les socialistes européens, nous proposons un “Pacte européen du Progrès social” afin d’assurer à tous -retraités, demandeurs d’emplois, salariés peu qualifiés- un revenu décent et une protection sociale. Des salaires minimaux dans tous les États membres, qui pour nous devraient atteindre 60% du salaire médian de chacun des pays, étape vers un salaire minimum européen ; une directive garantissant l’intégrité des services publics ; l’augmentation de l’effort d’Education ; l’amélioration de la législation européenne garantissant les droits des salariés (conventions collectives, durée du travail, détachement des travailleurs, statut des jeunes stagiaires,…).
Toutes ces mesures devront s’accompagner d’un ensemble de réformes structurelles. Avec tous les socialistes de notre continent, nous proposons de réformer en profondeur le système financier international pour mettre les marchés financiers au service de l’économie réelle, de l’emploi et de la croissance. De mettre fin aux paradis fiscaux ainsi qu’à l’évasion fiscale; de faire de l’Europe le leader mondial de la lutte contre le changement climatique et pour la défense de l’environnement. De garantir aussi la qualité et la sécurité alimentaire, par une nouvelle PAC, ainsi que par la politique commune de la pêche; d’assurer l’égalité hommes-femmes, dans la rémunération et la progression professionnelle; de maîtriser dans le respect de nos valeurs le flux migratoire et l’accueil des immigrés; de promouvoir enfin la coopération - et non le choc des civilisations. Pour cela, nous nous engageons à réformer et démocratiser les institutions internationales multilatérales, en partenariat avec la nouvelle administration démocrate américaine.
Les socialistes français compléteront et préciseront cette Plateforme commune par des propositions qui leur tiennent à cœur et qui sont partagées par de nombreux partis du PSE en Europe :
- L’augmentation du budget de l’Union, avec des ressources propres, pour donner leur pleine efficacité aux politiques de solidarité et de préparation de l’avenir.
- La reconnaissance pour l’UE du droit de lever des emprunts pour financer ses investissements lourds à long terme.
- L’harmonisation des fiscalités, à commencer par celles des entreprises pour lutter contre le dumping fiscal et le dumping social, condition nécessaire à l’arrêt des délocalisations abusives à l’intérieur de l’Union Européenne.
- la définition d’une politique de juste échange, par une politique commerciale européenne ajustée pour permettre à la fois à nos industries les plus exposées de préserver leurs emplois en se modernisant, aux pays les moins avancés de continuer à se développer, et aux normes internationales du travail et de l’environnement de s’appliquer dans les processus de production.
- La coordination des politiques économiques rendue encore plus nécessaire par la faiblesse du dollar, du yuan et du yen et la refonte encore insuffisante du pacte de stabilité.
- Une Europe forte avec une vraie défense européenne et non cette subordination au commandement intégré de l’OTAN que Nicolas Sarkozy impose à la France.
Sur toutes ces questions, les socialistes français continueront leur combat avec énergie, mais lucides, ils porteront une attention toute particulière à de nouvelles stratégies de mise en œuvre, encore sous-utilisées dans l’Union.
Ainsi, si les négociations en faveur de mesures que nous défendons, achoppaient sur le veto de quelques Etats, nous soutiendrions l’engagement de “coopérations renforcées”. Ces “noyaux durs” offrent un cadre à des Etats pionniers soucieux d’aller plus loin et plus vite dans la construction européenne; quitte à être rejoints par la suite par d’autres, comme ce fut le cas pour l’euro.
C’est possible en matière de recherche, d’énergie, de transports propres, de télécommunications, de bio et de nanotechnologies, mais aussi de Défense. C’est enfin et surtout possible en matière d’harmonisation fiscale ou sociale.
Sur ce dernier point, nous pensons également que nous gagnerions à renforcer l’institutionnalisation d’un véritable dialogue social européen, en tant que mode alternatif de prise de décision à même de redonner de l’élan à l’Europe sociale.
Le projet d’une Europe politique doit toujours être celui des socialistes. La réalité de la capacité économique et sociale de l’Union Européenne se mesure à sa réalité politique. Les normes libérales imposées à l’Europe sur le Pacte de Stabilité ou sur les restrictions des aides d’Etat n’ont pas tenu face à la profondeur de la crise ! Les querelles institutionnelles ne sont plus de saison car l’ordre du jour de la nouvelle mandature est économique et social. Le traité de Lisbonne est une donnée, mais ne saurait borner l’ambition des socialistes pour l’Europe. L’effondrement du libéralisme financier a réduit la controverse entre socialistes européens sur les rôles respectifs du marché et de la puissance publique dans l’économie.
Les convergences nouvelles codifiées par le Manifeste pour une Europe forte et sociale constituent un tournant. Il y a aujourd’hui la possibilité de donner sa place à la politique au cœur de l’Europe et d’assumer jusqu’au bout le clivage avec la droite en faisant échec à une candidature Barroso, et, nous le souhaitons, en ayant un candidat commun issu du PSE pour la Présidence de la Commission capable d’entraîner toute la gauche et d’incarner le nouveau cours qu’il faut à l’Europe.
IV Avec le vote socialiste, les européens peuvent changer l’Europe
Pour regagner la confiance des peuples et redonner force au projet européen, nous voulons édifier une Europe nouvelle, la première démocratie économique et sociale du monde, creuset d’une nouvelle communauté politique et levier d’une autre mondialisation. Une Europe forte, une Europe des résultats, qui met en œuvre des politiques communes ambitieuses. Il faut aussi convaincre que le repli national comme le libre-échange sans règles, sont tous deux des impasses et non des solutions à nos maux. La protection et la promotion de nos concitoyens doivent aller de pair.
Aux élections de juin, les peuples d’Europe voudront sanctionner les majorités sortantes de droite, considérées à juste titre comme responsables de la crise.
Nous les appelons à le faire, non pas en votant pour ceux qui veulent seulement protester, témoigner. Mais pour les opposants déterminés, les socialistes européens, ceux qui se seront montrés capables de leur proposer une réponse crédible, portée par une majorité politique nouvelle, pour sortir de la crise. De les mobiliser aussi pour une réforme radicale de notre société.
Avec ses 220 députés, actifs dans chacun des 27 États de l’Union, armé de son Manifeste authentiquement progressiste, le PSE est la grande force d’alternance qui peut changer le cours de notre Union et être ainsi au rendez-vous de l’Histoire.
Changer l’Europe, c’est nécessaire, battre la droite, c’est faisable, donner un nouveau sens à l’Europe avec la gauche européenne, c’est possible.
Donner une nouvelle direction à l’Europe
Par christophe berardi, mercredi 4 mars 2009 à 13:20 | Catégorie GENERAL
Voté à la quasi-unanimité par le Bureau national et le Conseil national du 28 février, ce texte est le socle de départ du programme des socialistes pour les élections européennes de juin prochain :
I Nouveau monde, nouvelle Europe
Un besoin impérieux d’Europe
Rarement le besoin d’Europe n’a été aussi impérieux : les grands défis d’aujourd’hui -la crise économique et sociale, le dérèglement climatique, les dérives autoritaires des États, les conflits régionaux armés- ont tous des racines internationales et appellent des réponses internationales. Beaucoup peut et doit être fait au niveau des régions et des nations. Mais le niveau européen et mondial est décisif.
Les socialistes sont des partisans résolus de la construction européenne. Parce qu’elle a garanti la paix, l’Etat de droit, la démocratie sur notre continent. Mais aussi parce que l’Europe est nécessaire à une grande politique de réformes économiques et sociales.
Où en serions-nous si l’Europe n’avait pas, avec Mitterrand, Delors et Kohl donné une issue maîtrisée à la chute du Mur de Berlin dont nous fêtons le vingtième anniversaire ? Où en seraient l’Espagne, le Portugal, la Grèce, l’Irlande et tant de nos vieilles régions industrielles en reconversion si elles n’avaient pas massivement bénéficié des fonds structurels européens ? Où en serions-nous aujourd’hui si nous n’avions pas créé l’euro en 2000 ? Si 27 monnaies nationales s’affrontaient en permanence à coup de “dévaluations compétitives”?
Une période de doute
Mais ne nous le cachons pas, les Français traversent, et depuis longtemps, une période de doute vis-à-vis de l’Europe. Les avancées significatives, celles réalisées sur le terrain de la citoyenneté européenne, sur les échanges culturels, ne peuvent plus masquer les renoncements opérés sous la présidence Barroso, qui a vu les institutions européennes être gagnées par les idées du libéralisme économique. Même les plus europhiles d’entre eux peinent à retrouver, dans le cheminement actuel de la commission ou dans les pratiques des gouvernements de droite, les promesses de la fondation européenne, ses valeurs. Ce désenchantement, et parfois cette défiance, se mesurent dans l’abstention, les sondages, les résultats aux récents référendums. On ne peut combattre cet état d’esprit que par une réorientation de la construction européenne, ce que les socialistes appellent de leurs vœux depuis maintenant une décennie.
La crise d’un système
Nous faisons aujourd’hui face à un tournant. L’effondrement actuel de l’idéologie et des politiques néolibérales, le changement complet de contexte historique, nous permettent de renouer avec l’ambition des fondateurs : celle d’une Europe politique, porteuse non seulement d’un modèle social, mais aussi d’un idéal de civilisation.
La crise d’une exceptionnelle gravité qui nous frappe n’est pas une catastrophe naturelle. C’est la crise d’un système économique et social -le capitalisme financier néolibéral- qui s’est imposé peu à peu, après la victoire de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan, au début des années 1980. Trente ans de déréglementation, dérégulation, libéralisation, privatisation des services publics ont abouti à l’avènement d’une économie de l’endettement et de la spéculation, de plus en plus inégalitaire et vulnérable. C’est ce capitalisme mondialisé et dominé par la finance qui débouche aujourd’hui sur la crise économique la plus grave que le monde ait connue depuis 1929.
Les partisans du libre-échange sans règles, du laisser-faire et de la toute puissance de la finance ont vu s’effondrer sous leurs yeux un système de compression des salaires et de spéculation mettant en danger non seulement les économies nationales de nombreux pays, mais également des millions de vies, car la crise financière a débouché sur la crise économique, elle-même prélude à de graves crises sociales et politiques.
L’année 2009 ouvre une nouvelle phase des relations internationales et peut-être de l’Histoire. Elle est, au-delà de la crise du système économique libéral, caractérisée par la défaite des néoconservateurs américains et l’avènement d’une nouvelle administration aux États-Unis, plus éthique, plus multilatéraliste, plus coopérative avec l’Europe et plus interventionniste dans l’économie.
Le XXIème siècle doit être celui d’un monde multipolaire, plus juste, plus respectueux de notre environnement et des droits sociaux. Et c’est d’abord à l’échelle européenne que nous pouvons y œuvrer.
Pour une nouvelle Europe sociale, verte et prospère
L’Union européenne doit agir pour endiguer la crise, retrouver le chemin d’une croissance forte, durable et riche en emplois. C’est l’urgence. Mais elle doit aussi agir pour réformer en profondeur l’économie mondiale afin que pareil désastre ne se reproduise plus.
L’Europe doit défendre et approfondir sa démocratie - État de droit et démocratie politique bien sûr - , mais aussi démocratie économique et sociale qui est son bien le plus précieux et sa principale force motrice. Elle doit se rapprocher des citoyens.
Elle doit renforcer le dialogue et la coopération entre les peuples, pour s’opposer à la loi du plus fort et au “choc des civilisations”.
L’Europe sociale et fiscale ne saurait être un supplément d’âme. Elle est la condition sine qua non de la poursuite du projet européen par le refus clair du dumping.
Mais pour réorienter l’Europe, il faut d’abord envoyer au Parlement de Strasbourg une majorité de députés de gauche.
II Le bilan accablant de la droite
Car ce n’est pas des rangs la droite européenne qui a largement dominé pendant la dernière législature la Commission, le Conseil et le Parlement – 60% des bancs du Parlement sont occupés par des députés conservateurs libéraux et populistes que naîtra cette nouvelle Europe. Son bilan est accablant !
La droite n’a pas vu venir la crise
Aveuglée par son idéologie libérale, dévouée avant tout à la défense des intérêts de ses clientèles, la droite n’a pas vu venir la crise. Elle la croit encore conjoncturelle. Elle a tourné en dérision les mises en garde répétées des socialistes et rejeté leurs propositions. Elle a affaibli l’économie européenne en soutenant un Euro surévalué; en refusant de promouvoir une politique industrielle de champions européens; en baissant la garde face au dumping fiscal, social, monétaire, environnemental. Il faut se méfier des pyromanes d’hier, qui voudraient endosser aujourd’hui le costume de pompiers.
Des pompiers pyromanes
Dénonçons cette imposture par des faits. Au Parlement européen, les députés de l’UMP ont soutenu la directive Bolkestein, ont voté la “clause dérogatoire” sur la durée du travail qui permet d’étendre la semaine de travail jusqu’à 65 heures! Ils ont voté les directives déréglementant les services publics, et en dernier lieu, celui de la Poste. Ils ont approuvé les perspectives financières 2007-2013, qui nous valent en 2008 un budget européen réduit à moins de 1% de la richesse produite en Europe (le budget fédéral américain étant à 15% de celle produite aux États-Unis). Ils ont voté la “Directive de la Honte”, permettant de maintenir les immigrés pendant 18 mois dans les centres de rétention, et ont même osé s’opposer, aux côtés du FN, à l’amendement socialiste obligeant les Etats membres à prendre avant tout en compte, dans chaque décision, l’intérêt supérieur des mineurs.
Quand il a fallu défendre les services publics dans la directive « services », Les députés du Modem, membres du groupe libéral, alliés au PPE, s’y sont opposés. Ils ont voté contre la “taxe éthique” pénalisant les marchandises produites par le travail forcé des enfants et des détenus. Certes, oubliant brusquement ses odes au libéralisme économique et au prétendu « marché providence », la droite s’est portée au secours des banques et de certaines industries, avec l’argent des contribuables. Mais ses plans de relance sont insuffisants : 200 milliards d’euros dont 170 proviennent des plans nationaux des 27 États membres. Alors que l’administration Obama injecte près de 800 milliards de dollars dans l’économie américaine. Ils sont aussi injustes : il y manque le volet social sans lequel ils se trouvent déséquilibrés et dénués d’efficacité.
Donner à l’Europe le droit à l’alternance
Voilà le bilan de la droite. Et il faudrait que les mêmes restent aux commandes ? Que l’Europe continue avec le Président Barroso ? Un homme de droite dont le libéralisme économique, le conservatisme et l’atlantisme ne sont plus à prouver. Ne fut-il pas l’artisan de la Conférence des Açores, regroupant les Européens favorables à l’intervention de Bush en Irak ? Eh bien non ! Une nouvelle époque commence avec de nouvelles exigences.
Il faut donner un autre souffle à notre Union. Le nouveau cours mondial et la crise économique rendent caduc le compromis historique avec la droite dans la construction européenne. L’Europe a l’opportunité d’atteindre une nouvelle maturité démocratique. Elle le doit. Le suffrage universel, obtenu depuis 1979, ne suffit pas si les données du débat ne sont pas clairement établies. C’est aussi de cette façon que l’on rapprochera l’Europe des citoyens.
III Le Manifeste des socialistes en faveur d’un autre modèle de développement
S’il n’y a rien à attendre de la droite, l’espoir, à gauche, est là. Alors que les partis de droite européens sont incapables de s’entendre sur une réponse cohérente à la crise, l’ensemble des partis du PSE se sont dotés d’un ambitieux programme pour bâtir une autre Europe : le Manifeste “Les citoyens d’abord, un nouveau sens pour l’Europe” adopté par le PSE le 1er décembre 2008 à Madrid.
Les socialistes et sociaux démocrates européens s’y engagent ensemble de manière forte à relancer et à réorienter l’Union européenne dans le sens d’une Europe volontaire, sociale, écologique, démocratique et mieux intégrée. Une Nouvelle Europe qui protège ses citoyens, prépare l’avenir, travaille à une meilleure organisation et à une meilleure gouvernance du monde.
Pour un ambitieux plan de relance européen
Pour sortir de la crise, les socialistes proposent un vrai plan de relance de l’activité, à l’échelle continentale, en agissant à la fois sur l’investissement mais aussi la consommation. La demande intérieure constitue le principal moteur de la croissance en Europe. Il ne s’agit pas seulement de mieux coordonner les plans nationaux, de veiller à ce qu’ils soient plus “coopératifs”, mais de les intégrer dans une action d’ensemble pour faire jouer le levier européen.
Avec tous les socialistes de notre continent, nous proposons de mettre en œuvre les grands travaux d’équipement collectif et d’infrastructures transeuropéens -fret ferroviaire, TGV, transport fluvial et maritime, réseaux Internet à haut débit-, financés par des emprunts publics levés par la Banque Européenne d’Investissement.
Cette stratégie de relance est aussi l’occasion de développer “l’économie verte”, en investissant massivement dans les nouvelles sources d’énergie et dans les économies d’énergie -l’isolation thermique des logements et la mise aux normes de haute qualité environnementale, notamment, afin de soutenir les PME du bâtiment.
Il faudra aussi augmenter substantiellement notre effort de recherche, d’innovation, d’éducation initiale et tout au long de la vie, afin de valoriser pleinement le travail et la rémunération des Européens pour renforcer notre appareil productif dans les industries de pointe et les services à haute valeur ajoutée, valoriser pleinement la « matière grise ».
Et, encore, promouvoir des politiques industrielles, commerciales, monétaires communes afin de défendre et de renforcer le poids de l’économie européenne dans le monde. L’Union européenne doit revisiter la stratégie de Lisbonne et considérer désormais que la protection et le développement de ses industries traditionnelles doivent figurer parmi ses priorités au même titre que l’investissement dans l’économie verte, les industries de pointe et les services à haute valeur ajoutée. Nous voulons conserver et développer une base industrielle complète, condition essentielle à la lutte contre les délocalisations et au retour dans les meilleurs délais au plein emploi en Europe.
Il s’agit de gagner la bataille pour un nouveau modèle de développement, une nouvelle donne sociale, écologique et continentale. Cette relance par l’investissement, dans chaque État membre et au niveau de l’Union européenne, permettra de créer 10 millions d’emplois supplémentaires à l’horizon de 2020, dont 2 millions dans le seul secteur des énergies renouvelables.
Pour un Pacte Européen du progrès social
Le débat n’est pas tant de savoir si nous serions des partisans ou des adversaires du protectionnisme mais bien de déterminer quels intérêts nous souhaitons protéger. A l’opposé de la droite et des libéraux qui favorisent la finance et la rente, nous souhaitons favoriser la production, l’investissement et un nouveau partage des richesses plus favorable au travail.
Avec tous les socialistes européens, nous proposons un “Pacte européen du Progrès social” afin d’assurer à tous -retraités, demandeurs d’emplois, salariés peu qualifiés- un revenu décent et une protection sociale. Des salaires minimaux dans tous les États membres, qui pour nous devraient atteindre 60% du salaire médian de chacun des pays, étape vers un salaire minimum européen ; une directive garantissant l’intégrité des services publics ; l’augmentation de l’effort d’Education ; l’amélioration de la législation européenne garantissant les droits des salariés (conventions collectives, durée du travail, détachement des travailleurs, statut des jeunes stagiaires,…).
Toutes ces mesures devront s’accompagner d’un ensemble de réformes structurelles. Avec tous les socialistes de notre continent, nous proposons de réformer en profondeur le système financier international pour mettre les marchés financiers au service de l’économie réelle, de l’emploi et de la croissance. De mettre fin aux paradis fiscaux ainsi qu’à l’évasion fiscale; de faire de l’Europe le leader mondial de la lutte contre le changement climatique et pour la défense de l’environnement. De garantir aussi la qualité et la sécurité alimentaire, par une nouvelle PAC, ainsi que par la politique commune de la pêche; d’assurer l’égalité hommes-femmes, dans la rémunération et la progression professionnelle; de maîtriser dans le respect de nos valeurs le flux migratoire et l’accueil des immigrés; de promouvoir enfin la coopération - et non le choc des civilisations. Pour cela, nous nous engageons à réformer et démocratiser les institutions internationales multilatérales, en partenariat avec la nouvelle administration démocrate américaine.
Les socialistes français compléteront et préciseront cette Plateforme commune par des propositions qui leur tiennent à cœur et qui sont partagées par de nombreux partis du PSE en Europe :
- L’augmentation du budget de l’Union, avec des ressources propres, pour donner leur pleine efficacité aux politiques de solidarité et de préparation de l’avenir.
- La reconnaissance pour l’UE du droit de lever des emprunts pour financer ses investissements lourds à long terme.
- L’harmonisation des fiscalités, à commencer par celles des entreprises pour lutter contre le dumping fiscal et le dumping social, condition nécessaire à l’arrêt des délocalisations abusives à l’intérieur de l’Union Européenne.
- la définition d’une politique de juste échange, par une politique commerciale européenne ajustée pour permettre à la fois à nos industries les plus exposées de préserver leurs emplois en se modernisant, aux pays les moins avancés de continuer à se développer, et aux normes internationales du travail et de l’environnement de s’appliquer dans les processus de production.
- La coordination des politiques économiques rendue encore plus nécessaire par la faiblesse du dollar, du yuan et du yen et la refonte encore insuffisante du pacte de stabilité.
- Une Europe forte avec une vraie défense européenne et non cette subordination au commandement intégré de l’OTAN que Nicolas Sarkozy impose à la France.
Sur toutes ces questions, les socialistes français continueront leur combat avec énergie, mais lucides, ils porteront une attention toute particulière à de nouvelles stratégies de mise en œuvre, encore sous-utilisées dans l’Union.
Ainsi, si les négociations en faveur de mesures que nous défendons, achoppaient sur le veto de quelques Etats, nous soutiendrions l’engagement de “coopérations renforcées”. Ces “noyaux durs” offrent un cadre à des Etats pionniers soucieux d’aller plus loin et plus vite dans la construction européenne; quitte à être rejoints par la suite par d’autres, comme ce fut le cas pour l’euro.
C’est possible en matière de recherche, d’énergie, de transports propres, de télécommunications, de bio et de nanotechnologies, mais aussi de Défense. C’est enfin et surtout possible en matière d’harmonisation fiscale ou sociale.
Sur ce dernier point, nous pensons également que nous gagnerions à renforcer l’institutionnalisation d’un véritable dialogue social européen, en tant que mode alternatif de prise de décision à même de redonner de l’élan à l’Europe sociale.
Le projet d’une Europe politique doit toujours être celui des socialistes. La réalité de la capacité économique et sociale de l’Union Européenne se mesure à sa réalité politique. Les normes libérales imposées à l’Europe sur le Pacte de Stabilité ou sur les restrictions des aides d’Etat n’ont pas tenu face à la profondeur de la crise ! Les querelles institutionnelles ne sont plus de saison car l’ordre du jour de la nouvelle mandature est économique et social. Le traité de Lisbonne est une donnée, mais ne saurait borner l’ambition des socialistes pour l’Europe. L’effondrement du libéralisme financier a réduit la controverse entre socialistes européens sur les rôles respectifs du marché et de la puissance publique dans l’économie.
Les convergences nouvelles codifiées par le Manifeste pour une Europe forte et sociale constituent un tournant. Il y a aujourd’hui la possibilité de donner sa place à la politique au cœur de l’Europe et d’assumer jusqu’au bout le clivage avec la droite en faisant échec à une candidature Barroso, et, nous le souhaitons, en ayant un candidat commun issu du PSE pour la Présidence de la Commission capable d’entraîner toute la gauche et d’incarner le nouveau cours qu’il faut à l’Europe.
IV Avec le vote socialiste, les européens peuvent changer l’Europe
Pour regagner la confiance des peuples et redonner force au projet européen, nous voulons édifier une Europe nouvelle, la première démocratie économique et sociale du monde, creuset d’une nouvelle communauté politique et levier d’une autre mondialisation. Une Europe forte, une Europe des résultats, qui met en œuvre des politiques communes ambitieuses. Il faut aussi convaincre que le repli national comme le libre-échange sans règles, sont tous deux des impasses et non des solutions à nos maux. La protection et la promotion de nos concitoyens doivent aller de pair.
Aux élections de juin, les peuples d’Europe voudront sanctionner les majorités sortantes de droite, considérées à juste titre comme responsables de la crise.
Nous les appelons à le faire, non pas en votant pour ceux qui veulent seulement protester, témoigner. Mais pour les opposants déterminés, les socialistes européens, ceux qui se seront montrés capables de leur proposer une réponse crédible, portée par une majorité politique nouvelle, pour sortir de la crise. De les mobiliser aussi pour une réforme radicale de notre société.
Avec ses 220 députés, actifs dans chacun des 27 États de l’Union, armé de son Manifeste authentiquement progressiste, le PSE est la grande force d’alternance qui peut changer le cours de notre Union et être ainsi au rendez-vous de l’Histoire.
Changer l’Europe, c’est nécessaire, battre la droite, c’est faisable, donner un nouveau sens à l’Europe avec la gauche européenne, c’est possible.
mardi 3 mars 2009
les éligibles issus d'un Monde d'avance
Le courant dispose de 4 personnes éligibles pour les européennes, toutes en 2de ou en 3e position:
-Benoît Hamon en 3e position en Ile de France
-Françoise Casteix en 2de position dans le Sud-ouest
-Isabelle Thomas en 3e position dans l'Ouest
-Liem Hoang Ngoc en 2de position dans l'Est
Bravo à eux et bonne chance à toutes les listes PSE en France et en Europe!
-Benoît Hamon en 3e position en Ile de France
-Françoise Casteix en 2de position dans le Sud-ouest
-Isabelle Thomas en 3e position dans l'Ouest
-Liem Hoang Ngoc en 2de position dans l'Est
Bravo à eux et bonne chance à toutes les listes PSE en France et en Europe!
Bravo et bonne chance à Christophe!
Christophe Bérardi est 15e sur la liste sud-est du PS pour les européennes, il a ainsi l'honneur de représenter l'Ain.
Bonne chance à la liste et à toi Christophe!
Bonne chance à la liste et à toi Christophe!
vendredi 13 février 2009
Crise de Madagascar : première conséquence du néo-colonialisme agraire par Vincent Jarousseau (issu du site national d'Un Monde d'avance)
La couverture médiatique des émeutes qui secouent actuellement Madagascar, ne permettent pas toujours de bien comprendre les raisons de la crise. Depuis la fin du mois de janvier, un inquiétant regain de violence secoue Madagascar. La crise qui paralyse le pays n’est pas une surprise pour qui s’intéresse à ce pays. Certains observateurs la décrivent comme un différent entre le jeune maire d’Antananarivo (Tananarive) Andry Rajoelina, (34 ans) et Marc Ravalomanana, Président de la République Malgache, élu en 2002, après 23 ans de règne sans partage du régime de Didier Ratsiraka (avec une interruption de quatre ans au milieu des années 90). Les faits dépassent largement cette vision réductrice. Le terreau de la crise est avant tout social.
Si les premières années du pouvoir de Ravalomanana ont permis au pays de se relever quelque peu de la crise de 2002 (construction des infrastructures routières, croissance de 7 %, inflation maîtrisée, tourisme exponentiel, protection de la biodiversité malgache améliorée), la suite (surtout à partir de 2006, date de sa réélection) est une longue liste de promesses non tenues, d’entraves aux libertés, d’un pouvoir autocratique et surtout d’un peuple malgache qui continue à sombrer dans la misère. Ce n’était manifestement pas le souci des principaux bailleurs de fonds internationaux. Le FMI comme la Banque Mondiale misent sur la bonne marche de leurs affaires, pour que le commerce et les investissements se déroulent dans un "climat et un environnement favorables". La nature du régime et les conditions de vie de la population n’ont pas d’importance.
Calcul risqué de la part des investisseurs, dans ce pays que les occidentaux considéraient comme « apaisé ». Trois éléments déclencheurs auront suffi pour mettre sous tension un peuple malgache à bout socialement (un litre d’essence supérieur à un euro, un sac de riz quasiment au prix du SMIC, soit près de 30 euros) : l’affaire Daewoo fin novembre 2008, l’achat par le Président de la République d’un Boeing 737 d’une valeur de 60 millions de $ et la fermeture de la télévision Viva du Maire de Tana. Rien d’étonnant alors de constater que les émeutiers s’en sont d’abord pris aux différents intérêts privés du Président en incendiant les supermarchés de sa chaîne, inaccessibles pour la quasi-totalité de la population malgache, et à la fois, symboles de lieux fréquentés par une toute petite minorité très privilégiée. Ils ont également attaqué les entrepôts dans les zones franches, symbole des investissements étrangers, où les ouvriers exploités 16 heures par jour touchent en moyenne 30 € par mois.
C’est dans ce climat très tendu de confrontation, que le jeune maire, Andry Rajoelina, a appelé la population à entamer une grève générale le 24 janvier. La suite, on la connaît, une centaine de morts et une issue aujourd’hui très incertaine. Se plaçant d’emblée dans la position de l’homme providentiel Andry Rajoelina réclame aujourd’hui un gouvernement de transition et exige d’être à sa tête. Sans programme, sans proposition, sans véritable parti politique, propose t-il sincèrement une politique alternative à l’actuel président ? Difficile de se prononcer mais l’ambition personnelle du Maire de Tana rappelle étrangement le parcours de son adversaire Ravalomanana.
Au-delà de la dimension sociale de la crise, c’est à une nouvelle forme de colonialisme agraire auquel nous sommes peut-être en train d’assister. Non content de piller les ressources minières, les pays du nord se permettent désormais de louer des millions d’hectares de terres arables aux pays du sud pour satisfaire leur consommation, et ce, pour des bénéfices insignifiants pour les populations locales. C’est la fameuse affaire Daewoo. Le géant sud-coréen Daewoo Logistics a annoncé la signature d’un contrat de « location » de 1,300 millions d’hectares de terres arables pour 99 ans, en vue de la culture de maïs et de palmiers. Les détails du contrat sont très préoccupants :
La surface louée représente l’équivalent de la moitié des terres arables à Madagascar.
Daewoo plantera du maïs sur 1 million d’hectares dans la zone Ouest et du palmier à huile à l’Est sur 300 000 hectares. Les semences de palmiers seront importées d’Indonésie et du Costa Rica, celle de maïs des Etats-Unis (Le Monde du 20 novembre 2008). La récolte brute sera envoyée en Corée du Sud.
l’accord ne prévoit pas de versement d’argent à l’Etat malgache, les investissements (6 milliards de $ sur 25 ans) dans les infrastructures nécessaires à la mise en place du projet tiendraient lieu de « prix de location ».
Daewoo Logistics utiliserait essentiellement de la main d’oeuvre sud-africaine selon le Financial Times cité par l’AFP.
Comment accepter cette absurdité ? Madagascar, l’un des pays plus pauvres du globe n’a pas assez de ressources pour nourrir sa population, mais suffisamment pour envoyer de l’huile de palme qui sera convertie en biocarburant pour la Corée du Sud ? La recherche de terres cultivables par les grands groupes internationaux dans les pays pauvres du Sud est une tendance rencontrée dans le monde actuellement. La FAO avait mis en garde les pays en quête de terres à cultiver à l’étranger contre un système assimilé à du " néocolonialisme ".
Cette nouvelle tendance n’est pas étrangère à la crise financière qui sévit sur la planète. La plupart des pays émergents et africains vivent dans la peur panique d’un retrait massif des capitaux étrangers. La crainte d’une baisse des investissements directs étrangers présentés par les organisations internationales comme la panacée aux problèmes lancinants du développement, pousse certains dirigeants africains à tout mettre en œuvre pour récupérer des devises, comme la cession massive de terres agricoles. Le processus largement entamé est appelé à s’accélérer. Des centaines de milliers d’hectares de terres arables sont ainsi menacés. Des centaines de milliers d’autres ont déjà été aliénés sous cette nouvelle forme de colonisation appelée « concession ».
Le drame que vit le peuple malgache est une nouvelle illustration d’une économie mondiale ultralibérale qui étrangle les peuples. Il se déroule dans un quasi silence de la communauté internationale. Entre crise alimentaire des peuples et voracité des spéculateurs et collusion du politique et du patronat, l’exemple malgache ne peut que faire réfléchir.
Si les premières années du pouvoir de Ravalomanana ont permis au pays de se relever quelque peu de la crise de 2002 (construction des infrastructures routières, croissance de 7 %, inflation maîtrisée, tourisme exponentiel, protection de la biodiversité malgache améliorée), la suite (surtout à partir de 2006, date de sa réélection) est une longue liste de promesses non tenues, d’entraves aux libertés, d’un pouvoir autocratique et surtout d’un peuple malgache qui continue à sombrer dans la misère. Ce n’était manifestement pas le souci des principaux bailleurs de fonds internationaux. Le FMI comme la Banque Mondiale misent sur la bonne marche de leurs affaires, pour que le commerce et les investissements se déroulent dans un "climat et un environnement favorables". La nature du régime et les conditions de vie de la population n’ont pas d’importance.
Calcul risqué de la part des investisseurs, dans ce pays que les occidentaux considéraient comme « apaisé ». Trois éléments déclencheurs auront suffi pour mettre sous tension un peuple malgache à bout socialement (un litre d’essence supérieur à un euro, un sac de riz quasiment au prix du SMIC, soit près de 30 euros) : l’affaire Daewoo fin novembre 2008, l’achat par le Président de la République d’un Boeing 737 d’une valeur de 60 millions de $ et la fermeture de la télévision Viva du Maire de Tana. Rien d’étonnant alors de constater que les émeutiers s’en sont d’abord pris aux différents intérêts privés du Président en incendiant les supermarchés de sa chaîne, inaccessibles pour la quasi-totalité de la population malgache, et à la fois, symboles de lieux fréquentés par une toute petite minorité très privilégiée. Ils ont également attaqué les entrepôts dans les zones franches, symbole des investissements étrangers, où les ouvriers exploités 16 heures par jour touchent en moyenne 30 € par mois.
C’est dans ce climat très tendu de confrontation, que le jeune maire, Andry Rajoelina, a appelé la population à entamer une grève générale le 24 janvier. La suite, on la connaît, une centaine de morts et une issue aujourd’hui très incertaine. Se plaçant d’emblée dans la position de l’homme providentiel Andry Rajoelina réclame aujourd’hui un gouvernement de transition et exige d’être à sa tête. Sans programme, sans proposition, sans véritable parti politique, propose t-il sincèrement une politique alternative à l’actuel président ? Difficile de se prononcer mais l’ambition personnelle du Maire de Tana rappelle étrangement le parcours de son adversaire Ravalomanana.
Au-delà de la dimension sociale de la crise, c’est à une nouvelle forme de colonialisme agraire auquel nous sommes peut-être en train d’assister. Non content de piller les ressources minières, les pays du nord se permettent désormais de louer des millions d’hectares de terres arables aux pays du sud pour satisfaire leur consommation, et ce, pour des bénéfices insignifiants pour les populations locales. C’est la fameuse affaire Daewoo. Le géant sud-coréen Daewoo Logistics a annoncé la signature d’un contrat de « location » de 1,300 millions d’hectares de terres arables pour 99 ans, en vue de la culture de maïs et de palmiers. Les détails du contrat sont très préoccupants :
La surface louée représente l’équivalent de la moitié des terres arables à Madagascar.
Daewoo plantera du maïs sur 1 million d’hectares dans la zone Ouest et du palmier à huile à l’Est sur 300 000 hectares. Les semences de palmiers seront importées d’Indonésie et du Costa Rica, celle de maïs des Etats-Unis (Le Monde du 20 novembre 2008). La récolte brute sera envoyée en Corée du Sud.
l’accord ne prévoit pas de versement d’argent à l’Etat malgache, les investissements (6 milliards de $ sur 25 ans) dans les infrastructures nécessaires à la mise en place du projet tiendraient lieu de « prix de location ».
Daewoo Logistics utiliserait essentiellement de la main d’oeuvre sud-africaine selon le Financial Times cité par l’AFP.
Comment accepter cette absurdité ? Madagascar, l’un des pays plus pauvres du globe n’a pas assez de ressources pour nourrir sa population, mais suffisamment pour envoyer de l’huile de palme qui sera convertie en biocarburant pour la Corée du Sud ? La recherche de terres cultivables par les grands groupes internationaux dans les pays pauvres du Sud est une tendance rencontrée dans le monde actuellement. La FAO avait mis en garde les pays en quête de terres à cultiver à l’étranger contre un système assimilé à du " néocolonialisme ".
Cette nouvelle tendance n’est pas étrangère à la crise financière qui sévit sur la planète. La plupart des pays émergents et africains vivent dans la peur panique d’un retrait massif des capitaux étrangers. La crainte d’une baisse des investissements directs étrangers présentés par les organisations internationales comme la panacée aux problèmes lancinants du développement, pousse certains dirigeants africains à tout mettre en œuvre pour récupérer des devises, comme la cession massive de terres agricoles. Le processus largement entamé est appelé à s’accélérer. Des centaines de milliers d’hectares de terres arables sont ainsi menacés. Des centaines de milliers d’autres ont déjà été aliénés sous cette nouvelle forme de colonisation appelée « concession ».
Le drame que vit le peuple malgache est une nouvelle illustration d’une économie mondiale ultralibérale qui étrangle les peuples. Il se déroule dans un quasi silence de la communauté internationale. Entre crise alimentaire des peuples et voracité des spéculateurs et collusion du politique et du patronat, l’exemple malgache ne peut que faire réfléchir.
VOUS AVEZ DIT NATIONALISME ? par Christophe Bérardi
Face à l'exigence de protection contre le dumping fiscal et social, les accusations de protectionnisme et de nationalisme ne tardent pas à venir, sans nuances : "fauteurs de guerre!". Ce fut le cas hier encore dans l'émission "mots croisés".
Pourtant, la politique du Président est bien plus sournoisement nationaliste qu'il n'y parait...
EXPLICATION :
La plupart de nos partenaires mènent des politiques de relance sur deux jambes : relance de l'investissement productif ET soutien à la demande. Les produits français peuvent donc espérer profiter des efforts de relance du pouvoir d'achat chez nos voisins.
Cependant, en menant une politique sur "la seule jambe" de la relance en direction des entreprises, le gouvernement Fillon compte "sournoisement" profiter des efforts de relance du pouvoir d'achat chez ses partenaires... sans y contribuer lui même !Curieuse conception du projet de civilisation européen. Cette posture n'est pas tenable : elle fragilise d'abord les travailleurs français, elle sape ensuite la confiance nécessaire à une relance internationale.
Profiter sans contribuer : Le mensonge du gouvernement français sur la qualité de son plan de relance, fait donc courir au monde un grave risque de replis égoïstes.
La crise est due à l'affaiblissement des salaires, qui a conduit au surendettement, d'abord aux USA. Cette faiblesse du pouvoir d'achat est organisée par le dumping social et fiscal des pays où la main d'œuvre peut être exploitée sans les "entraves" que sont pour les libéraux : le coût des services publics, la protection sociale, le droit du travail, les droits de l'homme, la démocratie...
Il est désormais illusoire de vouloir tirer sournoisement la couverture à soi, dans un réflex nationaliste Ne serait-ils pas plus efficace de réactiver en concertation des outils douaniers et les quotas d'importation fondés sur la notion de protection et de promotion des systèmes de sociaux ? Il serait plus sain et plus juste d'établir ainsi les règles nouvelles que les peuples du monde attendent : les services publics et les systèmes de protection sociale ne doivent plus être les seules variables d'ajustement.
Le message des forums sociaux mondiaux qui tentent d'alerter le monde depuis une décennie est simple :
Le moins disant fiscal et social n'est pas un critère de progrès humain, il ne peut en aucun cas être un critère pertinent de compétitivité.
Malheureusement la politique de Nicolas Sarkozy nous en éloigne chaque jour un peu plus.
Pourtant, la politique du Président est bien plus sournoisement nationaliste qu'il n'y parait...
EXPLICATION :
La plupart de nos partenaires mènent des politiques de relance sur deux jambes : relance de l'investissement productif ET soutien à la demande. Les produits français peuvent donc espérer profiter des efforts de relance du pouvoir d'achat chez nos voisins.
Cependant, en menant une politique sur "la seule jambe" de la relance en direction des entreprises, le gouvernement Fillon compte "sournoisement" profiter des efforts de relance du pouvoir d'achat chez ses partenaires... sans y contribuer lui même !Curieuse conception du projet de civilisation européen. Cette posture n'est pas tenable : elle fragilise d'abord les travailleurs français, elle sape ensuite la confiance nécessaire à une relance internationale.
Profiter sans contribuer : Le mensonge du gouvernement français sur la qualité de son plan de relance, fait donc courir au monde un grave risque de replis égoïstes.
La crise est due à l'affaiblissement des salaires, qui a conduit au surendettement, d'abord aux USA. Cette faiblesse du pouvoir d'achat est organisée par le dumping social et fiscal des pays où la main d'œuvre peut être exploitée sans les "entraves" que sont pour les libéraux : le coût des services publics, la protection sociale, le droit du travail, les droits de l'homme, la démocratie...
Il est désormais illusoire de vouloir tirer sournoisement la couverture à soi, dans un réflex nationaliste Ne serait-ils pas plus efficace de réactiver en concertation des outils douaniers et les quotas d'importation fondés sur la notion de protection et de promotion des systèmes de sociaux ? Il serait plus sain et plus juste d'établir ainsi les règles nouvelles que les peuples du monde attendent : les services publics et les systèmes de protection sociale ne doivent plus être les seules variables d'ajustement.
Le message des forums sociaux mondiaux qui tentent d'alerter le monde depuis une décennie est simple :
Le moins disant fiscal et social n'est pas un critère de progrès humain, il ne peut en aucun cas être un critère pertinent de compétitivité.
Malheureusement la politique de Nicolas Sarkozy nous en éloigne chaque jour un peu plus.
SUPRESSION DE LA TAXE PROFESSIONNELLE ? par Christophe Bérardi
SARKOZY, POMPIER PYROMANE.
Les collectivités locales représentent en France 73% de l'investissement public. Pour le seul Conseil Général de l'Ain : l'hypothétique suppression de la TP fait peser un risque sur 100 millions d'euros de recettes... sur 180 millions d'investissements.
Ni concertée, ni préparée, cette annonce crée de l'incertitude pour les collectivités locales. Ces dernières sont en train de finaliser leurs budgets 2009. Face à cette annonce intempestive, le risque est grand que de voir les collectivités reporter leurs investissements ! Aggravant ainsi la crise, notamment pour les entreprises du bâtiment et des travaux publics.
L'annonce de la suppression de la TP arrive au pire moment.
Non seulement elle ne répond pas aux attentes des salariés : on leur refuse des mesures en faveur du pouvoir d'achat, tout en annonçant de nouveaux cadeaux fiscaux.
Non seulement elle décourage l'investissement public de nombreuses collectivités locales, mais en plus elle aura un effet négatif sur la croissance :
La politique de gribouille du Président donne des signaux qui découragent tout à la fois la consommation des ménages et l'investissement des collectivités.
Quant à l'investissement des entreprises, déjà faible avant la crise... l'incantation s'essoufflera vite sans relance de la demande intérieure, ressort traditionnel de la croissance française.
Qu'elles compensations pour les collectivités locales, quelle justice fiscale ?
On parle de compensation... Il n'existe pas un seul élu local qui puisse croire une seconde que la perte de la TP lui sera intégralement compensée par un nouvelle taxe, ou par l'État !!! Aucune compensation promise n'a jamais été durablement respectée par l'Etat : si la signature de l'État a encore quelque valeur sur les marchés financiers, elle n'a plus beaucoup de crédit dans ce domaine auprès des élus locaux.
L'opération est simple : taper dans les caisses "saines" des collectivités locales après avoir siphonné les caisses de l'Etat au profit des plus riches. Cette stratégie de la droite va continuer : suppression d'une taxe aux entreprises et création d'une nouvelle taxe "pour tous"...
Finalement, il eu été plus juste d'introduire plus de justice et de progressivité dans la fiscalité locale ... mais n'y comptez pas !
Le "Robin des Bois à l'envers" n'a pas fini de frapper.
Les collectivités locales représentent en France 73% de l'investissement public. Pour le seul Conseil Général de l'Ain : l'hypothétique suppression de la TP fait peser un risque sur 100 millions d'euros de recettes... sur 180 millions d'investissements.
Ni concertée, ni préparée, cette annonce crée de l'incertitude pour les collectivités locales. Ces dernières sont en train de finaliser leurs budgets 2009. Face à cette annonce intempestive, le risque est grand que de voir les collectivités reporter leurs investissements ! Aggravant ainsi la crise, notamment pour les entreprises du bâtiment et des travaux publics.
L'annonce de la suppression de la TP arrive au pire moment.
Non seulement elle ne répond pas aux attentes des salariés : on leur refuse des mesures en faveur du pouvoir d'achat, tout en annonçant de nouveaux cadeaux fiscaux.
Non seulement elle décourage l'investissement public de nombreuses collectivités locales, mais en plus elle aura un effet négatif sur la croissance :
La politique de gribouille du Président donne des signaux qui découragent tout à la fois la consommation des ménages et l'investissement des collectivités.
Quant à l'investissement des entreprises, déjà faible avant la crise... l'incantation s'essoufflera vite sans relance de la demande intérieure, ressort traditionnel de la croissance française.
Qu'elles compensations pour les collectivités locales, quelle justice fiscale ?
On parle de compensation... Il n'existe pas un seul élu local qui puisse croire une seconde que la perte de la TP lui sera intégralement compensée par un nouvelle taxe, ou par l'État !!! Aucune compensation promise n'a jamais été durablement respectée par l'Etat : si la signature de l'État a encore quelque valeur sur les marchés financiers, elle n'a plus beaucoup de crédit dans ce domaine auprès des élus locaux.
L'opération est simple : taper dans les caisses "saines" des collectivités locales après avoir siphonné les caisses de l'Etat au profit des plus riches. Cette stratégie de la droite va continuer : suppression d'une taxe aux entreprises et création d'une nouvelle taxe "pour tous"...
Finalement, il eu été plus juste d'introduire plus de justice et de progressivité dans la fiscalité locale ... mais n'y comptez pas !
Le "Robin des Bois à l'envers" n'a pas fini de frapper.
lundi 2 février 2009
LE SITE ANTI DEPRIME
Voici le médicament qui ne constitue peut-être pas la panacée universelle mais qui résout nombre de nos maux de dos de celui qui porte toute la charge exemptée pour les possédants, de nos maux de tête quand on voit un membre du gouvernement, de nos oreilles qui sifflent quand N.Sarkozy nous annonce encore une catastrophe (genre ablation de Service Publics,...)
Le médecin PS vous prescrit ce site pour penser autrement, prendre du recul et avoir des clés pour remettre la France sur le droit chemin
Consultation gratuite qui devrait être remboursée par la Sécurité Sociale
Signé: Maison médicale de garde de la France tenue par Martine Aubry et les militants du PS.
Site PS de la relance
Le médecin PS vous prescrit ce site pour penser autrement, prendre du recul et avoir des clés pour remettre la France sur le droit chemin
Consultation gratuite qui devrait être remboursée par la Sécurité Sociale
Signé: Maison médicale de garde de la France tenue par Martine Aubry et les militants du PS.
Site PS de la relance
La réponse, c’est améliorer le pouvoir d’achat des Français Catégorie Dans la presse, une - Posté le 30 janvier 2009 Chat le Monde par Benoît Hamon
Katia : Quel bilan tirez-vous de la grève d’hier ? Quelles sont les suites possibles/souhaitables à vos yeux ?
Benoît Hamon : C’est un succès pour les organisations syndicales qui préparaient ce rendez-vous depuis plusieurs semaines.
C’est ensuite un signal d’alarme pour le gouvernement, qu’il serait bien inspiré d’entendre, car il y avait eu de nombreux avertissements au préalable, qu’il n’avait pas entendus.
Quelles suites ? M. Sarkozy s’en sort en invitant les syndicats à discuter à une date qui était déjà prévue, puisqu’un rendez-vous avait arrêté avec les partenaires sociaux.
Je pense que la seule et unique réponse qui peut permettre de relancer le dialogue social porte sur le pouvoir d’achat, les salaires, les minima sociaux, les retraites, et tout ce qui peut immédiatement améliorer le pouvoir d’achat des Français.
RACHID : Que répondez-vous à l’argument selon lequel une relance par la consommation serait inefficace puisqu’elle ne ferait que favoriser les importations ?
Je ne sais pas où on a été pêcher que quand les Français achetaient, ils ne consommaient que des produits étrangers, alors qu’aujourd’hui 75 % des produits et services consommés par les Français sont des produits ou services produits en France.
C’est un argument de l’UMP pour justifier son refus de baisser la TVA. Mais c’est un argument économique irrecevable au regard de ce qu’est la structure de la consommation des ménages français.
J’ajoute que soutenir le pouvoir d’achat des Français, c’est renforcer la consommation, c’est remplir le carnet de commandes des entreprises, et donc à terme créer des emplois.
lolo : Comment le PS compte-t-il faire pour peser sur les réformes ?
Le PS a rendu public son plan de relance de l’économie. Nos propositions sont donc sur la table. Et j’observe que sur la relance du pouvoir d’achat, sur l’emploi, comme sur la lutte contre les licenciements abusifs, nos propositions convergent avec plusieurs plates-formes syndicales. Ce qui explique au passage qu’il était parfaitement légitime que les socialistes manifestent hier.
Cela étant dit, la balle est dans le camp du gouvernement : soit il continue à se retrancher entre les murs de Matignon et de l’Elysée, sourd au mécontentement des Français, et obstiné à mettre en oeuvre une politique qui a d’ores et déjà échoué, soit il permet à la démocratie de respirer et s’ouvre aux propositions de l’opposition et des syndicats, ce qui appellera forcément une sérieuse remise en cause des choix politiques mis en oeuvre jusqu’à présent.
Schwab : Pensez-vous qu’il serait possible, comme l’envisage Gäétan Gorce, de négocier avec la majorité un certain nombre de mesures inspirées du contre-plan de relance ?
On est dans des institutions aujourd’hui qui renvoient face à face l’opposition et la majorité. Pour qu’il puisse y avoir un compromis sur la réponse à la crise, encore faudrait-il que nous soyons d’accord sur le diagnostic de cette crise.
Est-ce une crise systémique (structurelle) ou une crise conjoncturelle ? La fonction des plans de relance est-elle de remettre les marchés financiers sur pied ou de profondément les règles du jeu du système ? Voulons-nous, oui ou non, modifier en profondeur la répartition capital-travail ? Etc.
Il ne me semble pas aujourd’hui que le gouvernement et le président de la République aient compris que nous sommes confrontés à un véritable renversement de cycle et que leur plan de relance ne doit pas chercher à sauver le système tel qu’il était, il aurait dû aider à préparer l’avenir et à construire les nouvelles régulations indispensables.
C’est pour cela que je crois extrêmement difficile la possibilité de parvenir à une réponse commune à la crise. Nous ne voyons pas la même chose. Nous ne voulons pas la même chose.
Patrick : Comment envisageriez-vous de réformer les lycées et les universités si vous étiez au pouvoir ?
D’abord, la première urgence que nous proposons dans notre plan de relance, c’est de stopper ce plan social qui affecte aujourd’hui l’éducation nationale qui prétend qu’on améliorera la qualité par la diminution du nombre d’adultes dans les écoles, collèges et lycées de France.
Je pense que l’éducation reste, en dépit de toutes les déclarations, une affaire de moyens. Et aujourd’hui, manifestement, ces moyens sont insuffisants.
Ensuite, je pense qu’il faut à tout prix lutter contre cette politique de renforcement des ghettos scolaires mise en oeuvre aujourd’hui par l’actuel gouvernement, la suppression de la carte scolaire renforcera la ségrégation sociale et la ségrégation scolaire.
Je crois enfin qu’aujourd’hui le gouvernement s’est inscrit pour l’Université dans la même logique que pour l’hôpital : la rentabilité, et cette politique-là me semble néfaste.
yannick : Les élections européennes sont les prochaines échéances politiques. Peuvent-elles devenir le premier débouché politique à la crise sociale en cours et le PS peut-il capitaliser sur le mécontentement ?
Evidemment, le moment où se dérouleront ces élections européennes conduira probablement une multitude d’Européens à dire par leur vote quel type de sortie de crise ils souhaitent.
D’abord parce que l’échelon européen est l’échelon pertinent pour répondre à une crise de cette intensité et de cette ampleur.
Et ensuite parce que la majorité de droite, au Conseil comme au Parlement européen, est directement responsable des conditions dans lesquelles la crise s’est déployée en Europe.
La libéralisation à outrance du marché intérieur, le démantèlement des services publics, l’affaiblissement des modèles sociaux dans toute l’Europe, sont le résultat non pas de la crise financière, mais des choix économiques et politiques mis en oeuvre par la droite, majoritaire en Europe depuis dix ans.
En conséquence, nous ferons, nous, de cette élection européenne, l’enjeu d’une bataille politique essentielle. Est-il ou non possible de changer de majorité en Europe, et donc de politique ? Nous militerons pour une majorité de gauche au Parlement européen, et donc une autre politique.
Isabelle : Serez-vous vous-mêmes candidat aux européennes en Ile-de-France ?
Je souhaite être candidat aux européennes. En Ile-de-France. A la place que mon parti jugera la meilleure.
Lucie : Pensez-vous que Ségolène Royal est un élément de “trop” ? Comment le PS accueille-t-il la publication de son livre ?
Laurent Fabius a eu une excellente formule ce matin sur France-Inter, que je reprends à mon compte : “hier, c’était journée de grève, eh bien nous commençons aujourd’hui la grève des polémiques”. Je n’ai donc pas envie de commenter certaines remarques un peu acides de Ségolène Royal à l’égard d’autres personnalités du Parti socialiste.
Il y a aujourd’hui trop de raisons de nous tourner vers les Français pour que nous cessions de nous intéresser à nous-mêmes.
Franck, Quimper : Le PS n’est-il pas “condamné” à passer des alliances avec le MoDem, les Verts, le NPA, le Parti de gauche… ?
C’est un sujet beaucoup plus simple qu’il n’y paraît.
1) Nous ne pouvons nous allier qu’avec ceux qui accepteraient un jour de gouverner avec nous.
2) Nous ne pouvons nous allier qu’avec ceux dont les orientations ne contredisent pas les nôtres.
Et cette question des alliances, qui se posera probablement dès les régionales, mais surtout aux élections nationales, ne doit être appréciée qu’à l’aune du projet politique et de la stratégie de transformation sociale que défendra le Parti socialiste, et du degré de compatibilité des uns et des autres par rapport à ce projet.
A mes yeux, le rassemblement et l’unité de la gauche restent le meilleur passeport pour vaincre un jour la droite et Sarkozy.
genifer : Seras-tu présent au congrès du Parti de Gauche et à celui du NPA ? Que penses-tu des premiers pas du parti de Melenchon ?
Je ne crois pas que nous ayons été invités au congrès du NPA. Nous avons été invités au congrès du Parti de gauche, auquel nous enverrons évidemment une délégation du secrétariat national du PS. Quant aux premiers pas du Parti de Gauche, il ressemble à ce que faisait Jean-Luc Mélenchon au sein du PS.
Mais je ne suis pas convaincu que la création d’un nouveau parti à gauche serve sérieusement le rassemblement de la gauche. Il me semble qu’il y a là quand même un petit paradoxe.
bakounine : Etes-vous socialiste ou social-democrate ?
C’est une distinction qui n’existe pas. Les socialistes français sont membres de la famille social-démocrate européenne. Et il existe dans cette famille, entre les travaillistes britanniques, les sociaux-démocrates allemands, suédois, les socialistes espagnols, les socialistes hongrois, une palette de nuances liées à leur histoire nationale, à leurs institutions, à l’histoire des luttes sociale dans chacun de ces pays, qui explique aujourd’hui qu’en tant que socialiste français, je me sente membre de la famille sociale-démocrate européenne sans pour autant en partager toutes les analyses.
sankha : Pensez-vous que la très médiatique élection d’Obama aux Etats-Unis peut être favorable à l’image de la gauche ?
Oui, parce qu’il appartient incontestablement à la même famille que nous, aux nuances américaines près. Ces nuances sont de taille, notamment sur la peine de mort, elles existent aussi sur le rôle de l’Etat.
Mais quand Barack Obama ferme Guantanamo, rompt avec le discours néoconservateur du choc des civilisations défendu par MM. Bush et Sarkozy pour s’adresser au monde musulman comme à un partenaire des Etats-Unis ; quand il dénonce les patrons américains qui se sont octroyé 14 milliards de dollars de bonus en 2008 en qualifiant leur attitude de summum de l’irresponsabilité ; ou quand aujourd’hui il conditionne les aides publiques aux entreprises américaines au maintien de l’emploi, il s’inscrit dans une tradition qui est celle de la gauche.
bakounine : Les socialistes peuvent-ils encore faire rêver quand on mesure ce qu’ils ont fait et ce qu’ils n’ont pas fait ?
Il y a une phrase d’un poète cubain, Nicolas Guillén, qui disait quelque chose comme : l’espérance, je la laisse pour les riches ; donne-moi la sécurité. Ce que je veux dire par là, c’est qu’aujourd’hui les réponses de la gauche doivent être orientées vers les problèmes concrets des Français, les salaires, l’endettement, le logement, l’accès à l’éducation, aux services publics.
C’est d’abord sur le réel que nous devons agir. Si l’espérance naît de cette action, c’est formidable, mais notre obsession doit être d’abord d’être utiles.
Benoît Hamon : C’est un succès pour les organisations syndicales qui préparaient ce rendez-vous depuis plusieurs semaines.
C’est ensuite un signal d’alarme pour le gouvernement, qu’il serait bien inspiré d’entendre, car il y avait eu de nombreux avertissements au préalable, qu’il n’avait pas entendus.
Quelles suites ? M. Sarkozy s’en sort en invitant les syndicats à discuter à une date qui était déjà prévue, puisqu’un rendez-vous avait arrêté avec les partenaires sociaux.
Je pense que la seule et unique réponse qui peut permettre de relancer le dialogue social porte sur le pouvoir d’achat, les salaires, les minima sociaux, les retraites, et tout ce qui peut immédiatement améliorer le pouvoir d’achat des Français.
RACHID : Que répondez-vous à l’argument selon lequel une relance par la consommation serait inefficace puisqu’elle ne ferait que favoriser les importations ?
Je ne sais pas où on a été pêcher que quand les Français achetaient, ils ne consommaient que des produits étrangers, alors qu’aujourd’hui 75 % des produits et services consommés par les Français sont des produits ou services produits en France.
C’est un argument de l’UMP pour justifier son refus de baisser la TVA. Mais c’est un argument économique irrecevable au regard de ce qu’est la structure de la consommation des ménages français.
J’ajoute que soutenir le pouvoir d’achat des Français, c’est renforcer la consommation, c’est remplir le carnet de commandes des entreprises, et donc à terme créer des emplois.
lolo : Comment le PS compte-t-il faire pour peser sur les réformes ?
Le PS a rendu public son plan de relance de l’économie. Nos propositions sont donc sur la table. Et j’observe que sur la relance du pouvoir d’achat, sur l’emploi, comme sur la lutte contre les licenciements abusifs, nos propositions convergent avec plusieurs plates-formes syndicales. Ce qui explique au passage qu’il était parfaitement légitime que les socialistes manifestent hier.
Cela étant dit, la balle est dans le camp du gouvernement : soit il continue à se retrancher entre les murs de Matignon et de l’Elysée, sourd au mécontentement des Français, et obstiné à mettre en oeuvre une politique qui a d’ores et déjà échoué, soit il permet à la démocratie de respirer et s’ouvre aux propositions de l’opposition et des syndicats, ce qui appellera forcément une sérieuse remise en cause des choix politiques mis en oeuvre jusqu’à présent.
Schwab : Pensez-vous qu’il serait possible, comme l’envisage Gäétan Gorce, de négocier avec la majorité un certain nombre de mesures inspirées du contre-plan de relance ?
On est dans des institutions aujourd’hui qui renvoient face à face l’opposition et la majorité. Pour qu’il puisse y avoir un compromis sur la réponse à la crise, encore faudrait-il que nous soyons d’accord sur le diagnostic de cette crise.
Est-ce une crise systémique (structurelle) ou une crise conjoncturelle ? La fonction des plans de relance est-elle de remettre les marchés financiers sur pied ou de profondément les règles du jeu du système ? Voulons-nous, oui ou non, modifier en profondeur la répartition capital-travail ? Etc.
Il ne me semble pas aujourd’hui que le gouvernement et le président de la République aient compris que nous sommes confrontés à un véritable renversement de cycle et que leur plan de relance ne doit pas chercher à sauver le système tel qu’il était, il aurait dû aider à préparer l’avenir et à construire les nouvelles régulations indispensables.
C’est pour cela que je crois extrêmement difficile la possibilité de parvenir à une réponse commune à la crise. Nous ne voyons pas la même chose. Nous ne voulons pas la même chose.
Patrick : Comment envisageriez-vous de réformer les lycées et les universités si vous étiez au pouvoir ?
D’abord, la première urgence que nous proposons dans notre plan de relance, c’est de stopper ce plan social qui affecte aujourd’hui l’éducation nationale qui prétend qu’on améliorera la qualité par la diminution du nombre d’adultes dans les écoles, collèges et lycées de France.
Je pense que l’éducation reste, en dépit de toutes les déclarations, une affaire de moyens. Et aujourd’hui, manifestement, ces moyens sont insuffisants.
Ensuite, je pense qu’il faut à tout prix lutter contre cette politique de renforcement des ghettos scolaires mise en oeuvre aujourd’hui par l’actuel gouvernement, la suppression de la carte scolaire renforcera la ségrégation sociale et la ségrégation scolaire.
Je crois enfin qu’aujourd’hui le gouvernement s’est inscrit pour l’Université dans la même logique que pour l’hôpital : la rentabilité, et cette politique-là me semble néfaste.
yannick : Les élections européennes sont les prochaines échéances politiques. Peuvent-elles devenir le premier débouché politique à la crise sociale en cours et le PS peut-il capitaliser sur le mécontentement ?
Evidemment, le moment où se dérouleront ces élections européennes conduira probablement une multitude d’Européens à dire par leur vote quel type de sortie de crise ils souhaitent.
D’abord parce que l’échelon européen est l’échelon pertinent pour répondre à une crise de cette intensité et de cette ampleur.
Et ensuite parce que la majorité de droite, au Conseil comme au Parlement européen, est directement responsable des conditions dans lesquelles la crise s’est déployée en Europe.
La libéralisation à outrance du marché intérieur, le démantèlement des services publics, l’affaiblissement des modèles sociaux dans toute l’Europe, sont le résultat non pas de la crise financière, mais des choix économiques et politiques mis en oeuvre par la droite, majoritaire en Europe depuis dix ans.
En conséquence, nous ferons, nous, de cette élection européenne, l’enjeu d’une bataille politique essentielle. Est-il ou non possible de changer de majorité en Europe, et donc de politique ? Nous militerons pour une majorité de gauche au Parlement européen, et donc une autre politique.
Isabelle : Serez-vous vous-mêmes candidat aux européennes en Ile-de-France ?
Je souhaite être candidat aux européennes. En Ile-de-France. A la place que mon parti jugera la meilleure.
Lucie : Pensez-vous que Ségolène Royal est un élément de “trop” ? Comment le PS accueille-t-il la publication de son livre ?
Laurent Fabius a eu une excellente formule ce matin sur France-Inter, que je reprends à mon compte : “hier, c’était journée de grève, eh bien nous commençons aujourd’hui la grève des polémiques”. Je n’ai donc pas envie de commenter certaines remarques un peu acides de Ségolène Royal à l’égard d’autres personnalités du Parti socialiste.
Il y a aujourd’hui trop de raisons de nous tourner vers les Français pour que nous cessions de nous intéresser à nous-mêmes.
Franck, Quimper : Le PS n’est-il pas “condamné” à passer des alliances avec le MoDem, les Verts, le NPA, le Parti de gauche… ?
C’est un sujet beaucoup plus simple qu’il n’y paraît.
1) Nous ne pouvons nous allier qu’avec ceux qui accepteraient un jour de gouverner avec nous.
2) Nous ne pouvons nous allier qu’avec ceux dont les orientations ne contredisent pas les nôtres.
Et cette question des alliances, qui se posera probablement dès les régionales, mais surtout aux élections nationales, ne doit être appréciée qu’à l’aune du projet politique et de la stratégie de transformation sociale que défendra le Parti socialiste, et du degré de compatibilité des uns et des autres par rapport à ce projet.
A mes yeux, le rassemblement et l’unité de la gauche restent le meilleur passeport pour vaincre un jour la droite et Sarkozy.
genifer : Seras-tu présent au congrès du Parti de Gauche et à celui du NPA ? Que penses-tu des premiers pas du parti de Melenchon ?
Je ne crois pas que nous ayons été invités au congrès du NPA. Nous avons été invités au congrès du Parti de gauche, auquel nous enverrons évidemment une délégation du secrétariat national du PS. Quant aux premiers pas du Parti de Gauche, il ressemble à ce que faisait Jean-Luc Mélenchon au sein du PS.
Mais je ne suis pas convaincu que la création d’un nouveau parti à gauche serve sérieusement le rassemblement de la gauche. Il me semble qu’il y a là quand même un petit paradoxe.
bakounine : Etes-vous socialiste ou social-democrate ?
C’est une distinction qui n’existe pas. Les socialistes français sont membres de la famille social-démocrate européenne. Et il existe dans cette famille, entre les travaillistes britanniques, les sociaux-démocrates allemands, suédois, les socialistes espagnols, les socialistes hongrois, une palette de nuances liées à leur histoire nationale, à leurs institutions, à l’histoire des luttes sociale dans chacun de ces pays, qui explique aujourd’hui qu’en tant que socialiste français, je me sente membre de la famille sociale-démocrate européenne sans pour autant en partager toutes les analyses.
sankha : Pensez-vous que la très médiatique élection d’Obama aux Etats-Unis peut être favorable à l’image de la gauche ?
Oui, parce qu’il appartient incontestablement à la même famille que nous, aux nuances américaines près. Ces nuances sont de taille, notamment sur la peine de mort, elles existent aussi sur le rôle de l’Etat.
Mais quand Barack Obama ferme Guantanamo, rompt avec le discours néoconservateur du choc des civilisations défendu par MM. Bush et Sarkozy pour s’adresser au monde musulman comme à un partenaire des Etats-Unis ; quand il dénonce les patrons américains qui se sont octroyé 14 milliards de dollars de bonus en 2008 en qualifiant leur attitude de summum de l’irresponsabilité ; ou quand aujourd’hui il conditionne les aides publiques aux entreprises américaines au maintien de l’emploi, il s’inscrit dans une tradition qui est celle de la gauche.
bakounine : Les socialistes peuvent-ils encore faire rêver quand on mesure ce qu’ils ont fait et ce qu’ils n’ont pas fait ?
Il y a une phrase d’un poète cubain, Nicolas Guillén, qui disait quelque chose comme : l’espérance, je la laisse pour les riches ; donne-moi la sécurité. Ce que je veux dire par là, c’est qu’aujourd’hui les réponses de la gauche doivent être orientées vers les problèmes concrets des Français, les salaires, l’endettement, le logement, l’accès à l’éducation, aux services publics.
C’est d’abord sur le réel que nous devons agir. Si l’espérance naît de cette action, c’est formidable, mais notre obsession doit être d’abord d’être utiles.
SCOOP : Grève efficace contre le chômage !
Par Christophe Bérardi
Inespéré : la grève du 29 janvier dernier a été immédiatement efficace pour de nombreux salariés du secteur automobile...
EXPLICATION : A Renault-Truck Bourg en Bresse, la journée du 29 janvier, initialement programmée en chômage technique... s'est transformée en journée travaillée pour les 1.600 salariés du site.
Curieuse embellie d'activité en ce jour de mobilisation nationale pour l'emploi ! Pour certains sites de Lorraine ou de Franche Comté, le 29 janvier aura même été le seul jour de la semaine sans chômage technique !
Les organisations syndicales devraient donc s'entendre sur une grève reconductible, afin que les journées de travail soient elles-mêmes reconductible dans ces entreprises.
On se demandait qu'elles étaient les contreparties au refinancement de ce secteur par l'Etat, il s'agit donc de servir politiquement le gouvernement en donnant du travail ... les jours de grève.
Cette attitude est totalement irresponsable. Pour ces salariés les plus touchés par la crise, cela donne le sentiment que le gouvernement et certains patrons s'entendent en période de crise sur les dos des salariés.
Tant que l'on ne reviendra pas sur le fameux "paquet fiscal", ce sentiment d'injustice sera justifié. Comment ne pas être choqués, en effet ? A l'heure où l'on annonce chaque mois des dizaines de milliers de chômeurs supplémentaires, les contribuables les plus aisés reçoivent des chèques de plusieurs centaines de milliers d'euros !
Il y a quelques jours, Nicolas Sarkozy s'en prenait à SUD, nouveau bouc émissaire du président. Il faudrait lui rappeler qu'une entreprise, et à fortiori l'Etat, ont le type de syndicalisme qu'ils méritent. En étouffant l'expression des inquiétudes des salariés, en méprisant le dialogue social, en n'assumant pas les engagements publiques et la signature des accords sociaux... L'Etat et ces entreprises ne laissent aux salariés et à leurs organisations qu'une seule alternative : le discrédit et la soumission, ou la combativité et la radicalité.
Par son entêtement avant, pendant et après le 29 janvier, le gouvernement prend sciemment le risque d'une grave crise politique et sociale dans notre pays.
Inespéré : la grève du 29 janvier dernier a été immédiatement efficace pour de nombreux salariés du secteur automobile...
EXPLICATION : A Renault-Truck Bourg en Bresse, la journée du 29 janvier, initialement programmée en chômage technique... s'est transformée en journée travaillée pour les 1.600 salariés du site.
Curieuse embellie d'activité en ce jour de mobilisation nationale pour l'emploi ! Pour certains sites de Lorraine ou de Franche Comté, le 29 janvier aura même été le seul jour de la semaine sans chômage technique !
Les organisations syndicales devraient donc s'entendre sur une grève reconductible, afin que les journées de travail soient elles-mêmes reconductible dans ces entreprises.
On se demandait qu'elles étaient les contreparties au refinancement de ce secteur par l'Etat, il s'agit donc de servir politiquement le gouvernement en donnant du travail ... les jours de grève.
Cette attitude est totalement irresponsable. Pour ces salariés les plus touchés par la crise, cela donne le sentiment que le gouvernement et certains patrons s'entendent en période de crise sur les dos des salariés.
Tant que l'on ne reviendra pas sur le fameux "paquet fiscal", ce sentiment d'injustice sera justifié. Comment ne pas être choqués, en effet ? A l'heure où l'on annonce chaque mois des dizaines de milliers de chômeurs supplémentaires, les contribuables les plus aisés reçoivent des chèques de plusieurs centaines de milliers d'euros !
Il y a quelques jours, Nicolas Sarkozy s'en prenait à SUD, nouveau bouc émissaire du président. Il faudrait lui rappeler qu'une entreprise, et à fortiori l'Etat, ont le type de syndicalisme qu'ils méritent. En étouffant l'expression des inquiétudes des salariés, en méprisant le dialogue social, en n'assumant pas les engagements publiques et la signature des accords sociaux... L'Etat et ces entreprises ne laissent aux salariés et à leurs organisations qu'une seule alternative : le discrédit et la soumission, ou la combativité et la radicalité.
Par son entêtement avant, pendant et après le 29 janvier, le gouvernement prend sciemment le risque d'une grave crise politique et sociale dans notre pays.
jeudi 1 janvier 2009
Voeux pour 2009
Toute l'équipe nationale et départementale de Un Monde d'avance vous souhaite une bonne année 2009, même si la crise a commencé ses effets dévastateurs et que les patrons "anticipent" le recul économique en licenciant déjà ou en renouvellant pas les CDD.
La politique de la droite nous a déjà mis en recul économiquement, depuis juillet 2008.
Remarquons surtout que, à l'heure où Nicolas Sarkozy demande de faire des efforts, il ne renonce pas au Paquet fiscal qui sont 15 milliards par an de gaspillés.alors que l'on en aurait bien besoin.
Toutefois n'oublions pas que la gauche unie, celle des associations, des syndicats et des partis est le seul ferment d'avenir pour sortir de ce marasme.
Lien RTL de l'interview de début d'année de Benoît Hamon
La politique de la droite nous a déjà mis en recul économiquement, depuis juillet 2008.
Remarquons surtout que, à l'heure où Nicolas Sarkozy demande de faire des efforts, il ne renonce pas au Paquet fiscal qui sont 15 milliards par an de gaspillés.alors que l'on en aurait bien besoin.
Toutefois n'oublions pas que la gauche unie, celle des associations, des syndicats et des partis est le seul ferment d'avenir pour sortir de ce marasme.
Lien RTL de l'interview de début d'année de Benoît Hamon
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